La pauvreté touche au moins 12% de la population

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Le sujet fait polémique autant chez la population qu’auprès des représentants du pouvoir. Le ministre des Affaires religieuses a récemment déployé une énergie sans pareille pour réfuter l’existence même de la pauvreté en Algérie. Le gouvernement sait que le phénomène constitue une illustration en soi de l’échec de sa politique sociale et de son incapacité à transformer les revenus de la rente pétrolière en bien-être social.

Pour des raisons différentes, le simple quidam, irrité par l’étendue des sollicitations, se rit de la pauvreté qui tiendrait à se transformer en un corps de métier de plus en plus raffiné. Quémander serait tout bêtement le nouveau gagne-pain des fainéants. Une manière comme une autre sans doute de se donner bonne conscience face à l’irruption en force des demandeurs d’aumône. Des discours à l’emporte-pièce facilités par une sécheresse statistique sans nul doute entretenue.

C’est par effraction que la vérité des chiffres s’impose et singulièrement à l’occasion du mois du ramadan. Là où le pouvoir veut faire une opération de grand seigneur, il est loisible de lire l’étendue de la paupérisation de vastes pans de la société.

Dans la wilaya de Béjaïa, pas moins de 16 089 familles ont été inscrites au panier de la solidarité lors du dernier mois sacré. L’hypothèse de sept membres par famille nous amène à une tranche de population de 112 000 personnes dans une wilaya de près d’un million d’habitants soit près de 12% de nécessiteux. Rompant toute inhibition morale, cette masse considérable de gens n’hésite pas à se déclarer indigente et à quémander la charité. Un chiffre qu’il faut sans doute revoir à la hausse à l’aune d’une tradition sociale qui considère l’indigence comme une situation qu’il ne convient pas de trop exhiber.

D’aucuns estiment, d’autre part, qu’il faut comptabiliser certaines catégories de salariés dans la case des pauvres. La réalité des salaires est telle que beaucoup, de l’enseignant au postier, doivent s’adonner à de petits boulots pour joindre les deux bouts avec tout ce que cela suppose de dévoiement pour le prestige de ces métiers.

La flambée des prix de produits de première nécessité et la cherté de la vie, aggravées par l’absence d’un système social efficace, jettent des catégories salariales entières dans la pauvreté.

M. B.

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