Les importantes averses du mois de septembre suivies d’un peu plus d’une semaine de beau temps avec des températures assez élevées ont produit une reprise fulgurante de tout le tissu végétal doublée d’une croissance prodigieuse de l’herbe dans tous les espaces nus. Même les traces des incendies qui ont ravagé d’importantes surfaces forestières durant l’été commencent à s’estomper, les cendres emportées par les eaux de pluies font un véritable lessivage, peu à peu, le gris fait place au vert qui rend aux paysages ses couleurs originales, un décor naturel moins lugubre qui se répercute sensiblement sur les humeurs des agriculteurs en particulier les éleveurs qui voient les risques de sécheresse complètement écartés par générosité et la clémence du ciel.
Tout les parcours de pâturage sont d’ores et déjà bien fournis par un tapis d’herbe verte précoce appelé localement “Thakharfith” qui en plus de constituer une pitance non négligeable pour le cheptel sert aussi de purge qui débarrasse les animaux, de tous les parasites qui retardent sensiblement leurs croissances en provoquant de légères diarrhées. La reproduction des ovins et caprins intervient entre septembre et octobre que les éleveurs kabyless dénomment “amenzou”. Cette herbe précoce arrive à point nommé pour donner un complément d’aliment aux nouveaux-nés en période d’allaitement. Ces pluies d’automne ont aussi ravivé les racines des buissons et toutes les plantes forestières détruites par les incendies, notamment du côté de Tala Rana, les bourgeons de régénération ont déjà percé la surface de la terre et poussent à vue d’œil atteignant déjà plus de 15cm de hauteur. Toutes ces pousses et plantes qui constituent le tissu végétal continueront avec le même rythme de croissance jusqu’aux premières gelées qui apparaissent habituellement vers la fin décembre. Ce qui revient à dire que ces plantes auront tout le temps nécessaire pour prendre assez de forces qui leur permettrait de résister au froid. Sur le volet hydrique, ces importantes chutes de pluie ont sensiblement renfloué les nappes phréatiques au même titre que les barrages et les retenues collinaires, un état de fait vérifiable au niveau des sources naturelles dont le débit a augmenté y compris celles taries durant la saison chaude et qui recommencent à couler de nouveau ce qui fait dire à tous les paysans que la prochaine saison agricole s’annonce prometteuse pour tout les créneaux de ce secteur soit l’élevage, les labours semailles ou l’oléiculture. En haute montagne, plus précisément du côté du col de Tizi N’Kouolal, le vert éclatant des pins d’Alep, de chêne vert et de pins noirs accroche les rayons de soleil et produit un décor féerique qu’aucune technique humaine ne peut reproduire. Une si grandiose métamorphose de la nature qui passe à décor paradisiaque doublé de senteurs et parfums naturels enivrant. Une randonnée sur ces hauteurs est une cure assurée contre le stress et l’angoisse que tout un chacun a subi à cause d’incalculables contraintes sociales.
Oulaïd Soualah
