Kabylie culture : Vous êtes connu pour votre engagement dans le combat de tamazight. Pouvez-vous nous en faire un bref historique ?
Abdellah Hamane : C’est le combat pour tamazight qui m’a poussé à participer à la guerre de Libération.
Toutefois, je me suis battu pour une Algérie algérienne. Même si je parle l’arabe et le français, je ne renierai jamais mon identité amazighe.
Je vous le répète encore une fois, je parle et je sais écrire en arabe, mais je me bats toujours pour tamazight.
Ce combat, je l’ai commencé durant la guerre de Libération.
En 1956, j’ai été condamné à 20 ans de travaux forcés. J’avais fait appel, la peine a été réduite à 10 ans et j’ai été transféré à la prison de Lambèse.
C’est là que j’ai commencé à écrire en tamazight. J’ai beaucoup écrit durant ma détention. Ce n’est qu’en 1960 que j’ai bénéficié du statut de prisonnier de guerre. La prison, je l’ai faite en compagnie d’Abdelhamid Benzine avant qu’il ne soit transféré à Médéa. Après l’indépendance, ce fut la désillusion puisque j’ai eu beaucoup d’ennuis avec la sécurité militaire… J’ai beaucoup d’amertume car j’ai participé à la guerre de Libération pour une Algérie algérienne et voilà que notre pays est devenu une province de l’Arabie où l’on nous dit : « Bienvenue dans votre pays ».
Cela ne vous a pas empêché de continuer le combat…
Je me battrai pour tamazight jusqu’à la fin de mes jours !
Parlez-nous de l’association Assirem que vous avez créée en 1985.
Il y avait Smaïl Aït-Menguellet, Kamel Naït-Zerrad, six étudiants de Tizi-Ouzou qui étaient ici à Oran. Notre Association Assirem a eu une publication intitulée « La pensée contemporaine ». Mais, il nous a fallu courir et se sacrifier pour trouver un local. C’était un véritable parcours du combattant.
Comment voyez-vous le combat d’aujourd’hui ?
Ce n’est pas un combat, c’est du travail. En tout cas, en ce qui me concerne, je ne fais pas de la politique, je me contente de travailler ma culture.
Que direz-vous à la jeunesse actuelle ?
Je leur demanderai d’être intelligents.
Ne prenez pas les Kabyles qui travaillent dans les institutions pour des ennemis et sachez que ceux que vous appelez les arabes ne sont, en fait, que des berbères arabisés.
Entretien réalisé par Amastan S.