Facéties extravagantes

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Un proverbe dit : “Vaut mieux être seul que mal accompagné”, c’est ce que va apprendre à ses dépens, ce couple de paysans, d’après le conte du terroir. Cette histoire se passe à l’époque où les animaux et les choses parlaient. En ce temps-là, vivait un couple très uni, qui voulait avoir beaucoup d’enfants. Mariés depuis plusieurs années, Dieu ne leur a rien donné. Ils désespèrent de mourir sans descendance, malgré les prières et les offrandes offertes pour s’attirer, les bonnes grâces de la Providence. Mais rien n’y fait fait. La femme ne cesse de pleurer sur son sort. Un jour, en allant aux champs, elle trouve un grain de pois chiche (aâqa n’el h’emez) qui attire sont attention. Elle le scrute du regard et lance à la cantonade.-Ah, loukan ayi-d ifk rebbiaqchich Khas anechth ouâqa ouâqa agi !(Ah, si Dieu me donnait un enfant, même de la taille de ce grain de pois-chiche je ne dirais pas non !)Par la grâce de Dieu, le grain de pois chiche l’entend et lui dit : -Mayla Thevghidh iyiNek d’emmi-m seg assagi !(Si tu me veux, à compter d’aujourd’hui je suis ton fils et tu es ma mère !)Sautant de joie, la femme le prend et, court comme un enfant vers son mari, pour lui apprendre la bonne nouvelle, attendue depuis très longtemps. Le mari est très content et dit : “On va t’adopter, tu seras notre enfant, nous allons t’élever et prendre soin de toi ! Tu fera partie, désormais de notre famille !-J’accepte d’être votre enfant, mes chers parents !”Aâqa n-el h’emez’ (grain de pois-chiches) reste en l’état, ne grandit pas, mais cela ne l’empêche pas “d’aider” sa famille et à sa manière bien entendu.Un matin, pois chiche dit à son père, étonné : “Malgré que je suis petit, je suis capable de prouesses insoupçonnées, je suis capable de me rendre utile, confie-moi des missions et tu verras !”Trop heureux de se décharger de certaines corvées, le père lui dit : “Dans ce cas tu iras aux champs, tu diras aux moissonneurs. Que ce soir on offre une “Ouaâda” (offrande) et que je les invite a manger !”Aâqa n-el h’emez’ (pois chiche) ne se fait pas prier. Il court, il vole. Arrivé près des moissonneurs il leur dit : “-Inna yaoun vavaçarghet el ghela !”(Mon père vous dit de brûler la récolte.)Les moissonneurs ne comprenant pas ils font répéter pois chiche, afin d’éviter toute erreur, il leur répète ce qu’il leur a dit déjà. Croyant que ce sont-là les ordres de son père, ils mettent l feu aux gerbes d’orge et de blé.La récolte brûlée, les moissonneurs se rendent chez le père de pois chiche pour prendre part au festin.Après avoir bien mangé, un moissonneur prend quelques grains de blé, qui se sont glissés dans les plis de son habit, et les jette au feu, devant le maître des lieux ahuri.“-Que fais-tu, malheureux, on ne t’a jamais dit qu’il ne faut jamais brûler du blé. C’est grâce à lui que vit l’humanité ! Il faut être insensé ou fou pour agir ainsi !”Les moissonneurs qui ont assisté au sermon sont étonnés, comment se peut-il que quelqu’un, qui a ordonné de brûler la récolte de toute une année, puisse s’offusquer de quelques grains de blé brûlés ?Pour crever l’abcès, le moissonneur vilipendé lui dit : “Tu me reproches d’avoir jeté des grains au feu, alors que toi tu as envoyé ton fils pois chiche pour nous dire de brûler une récolte entière !Quoi ? s’arrache les cheveux le propriétaire -Vous avez fait cela ! Mais vous êtes fous !- Puisque tu nous l’as ordonné nous l’avons fait sans hésiter.- Idiots, triple idiots, vous avez accordé foi aux paroles d’un enfant. Même si c’était moi qui vous demande une chose pareille, il ne faut pas m’écouter. On n’a pas idée de brûler la récolte de toute une année… !(à suivre)

Benrejdal Lounes

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