L’amour pour exorciser la mort

Partager

Né en 1944 à Ghardaïa, Ahmed Ben Mohamed Bakli est l’un des rares écrivains de langue française qu’a enfanté la vallée du M’zab. Son œuvre publiée en 2008 aux éditions Casbah sous le titre “Murmure du silence” se singularise par sa dimension mystique et sa résonance spirituelle qui viennent quelque peu escamoter l’histoire romancée. En compulsant les pages de ce livre, on s’aperçoit que la trame qui fait traditionnellement la quintessence de l’œuvre romanesque est réduite à des intrigues somme toute insignifiantes. L’auteur dépeint une atmosphère aux relents apocalyptiques. Le Cheikh, personnage principal du roman, doit à tout prix chasser de son esprit l’idée de la mort pour ne pas la laisser obnubiler ses pensées et prendre le pas sur la bonté et l’amour. “La mort est une grande puissance (…). La déraison de la mort relève de la vie, sinon la vie ne serait pas la vie (…). Son état se situe entre la communauté mystique et l’individualisme inconsistant (…). Lui seul est noble, mais les antithèses ne le sont pas. L’homme est maître des antithèses, elles n’existent que par lui et par conséquent, il est plus noble qu’elles (…). Je ne veux accorder à la mort aucun pouvoir sur mes pensées !” Dans ce roman qui évoque à la fois la mort et la vie, l’esprit et la nature, la santé et la maladie, l’élément mystique étend son empire et influe sur le cours des évènements. Une “grande confusion” s’empare des esprits enseignants, en proie à une crise existentielle. On s’interroge sur le sens du travail, de l’entraide, du temps et de… la vie. La fibre artistique de l’auteur lui permet de percevoir ses héros dans leur singularité individuelle, mais, en même temps, il témoigne d’un sens aigu de la personne humaine : “A Aksir Lahmar, les hommes ne sont que le superflu de la vie, car la femme est le fondement de cette vie. Elle est la terre féconde. Les hommes ne sont que cet ornement qui manipule son visage”.

N. Maouche

Partager