Le propriétaire écume de rage et cherche après pois chiche pour le bastonner. Le voyant chercher après lui, le gamin s’enfuit et s’enfonce dans la forêt. En cours de route, il rencontre deux voleurs qui ont égorgé un mouton pour le manger. Il leur demande un bout de panse (Thakarchets) et leur dérobe un couteau. Fatigué, il s’allonge au bord du chemin jusqu’à ce qu’un lion affamé le happe et le transporte plus loin. Quant il juge le temps opportun, à l’aide du couteau dérobé, pois chiche éventre le lion, qui le laisse s’échapper. Continuant sa route, pois chiche avise des voleurs en train d’essayer de voler les vaches d’un paysan. Les voyant en difficulté, il se propose de les aider. Vu sa petite taille il s’introduit à l’intérieur de l’étable (Adaynine) et commence à crier : – “Anta thafounasthe ! thev G ham Thamelalte thavar k’ante negh Thazou ghahthe” (Quelle vache vous voulez la blanche la noire ou la rousse ?) Il a crié à dessein pour savoir si le propriétaire allait l’entendre. Il l’entend en effet et sort armé d’une fourche. Les voleurs et pois chiche se cachent. Après plusieurs fausses alertes le propriétaire des vaches se dit que quelqu’un veut se moquer de lui et décide d’ignorer les cris. Mal lui en prit. C’est le moment choisi par pois chiche, pour ouvrir l’enclos et permettre aux voleurs de s’emparer de la plus grosse des bêtes. La vache volée est emportée vers la forêt où elle est égorgée, dépecée et mangée. Pois chiche, dont l’estomac est petit se contente de s’approprier les foetus déjà formé. Après avoir erré durant la journée, vers le soir, il demande l’hospitalité pour la nuit à un couple de vieux qui possèdent deux jeunes filles à marier. Après avoir dîné, au lieu de les remercier, pois chiche éventre le foetus, qui laisse échapper un liquide nauséabond qu’il verse entre le vieux et la vieille qui dormaient. Ensuite il prend le foetus et le met entre les deux jeunes filles. Au matin, il est le premier à se réveiller, il ne veut rien rater des scènes cocasses auxquelles il est sûr d’assister. En se réveillant, les narines du vieux sont agressées par l’odeur fétide du foetus éventré. Dégoûté, il s’adresse à sa moitié, méprisant : -”Achou ikm you ghen a thamt’t’outh Thes ouaskhédh ou ssou ? (Que t’arrive-t-il femme, tu as souillé notre couche !) Offusquée, la vieille, lui répond indignée :-D’kth ith isouas khen ou Ath qaredh d’ mekini ! (C’est toi qui as souillé la couche et c’est moi que tu accuses !) S’accusant mutuellement, les deux vieux en viennent aux mains. La fille aînée est réveillée en sursaut par les cris de ses parents en train de se quereller. Se levant pour les séparer, elle met sa main sur le foetus qui se trouvait entre elle et sa petite sœur. Sans ménagement, elle la réveille et lui dit : “Thesaidhed ah’ram idhagi !…”(Tu as accouché d’un bâtard cette nuit !…)-Je n’ai accouché de rien, cette nuit. Ce foetus ne provient pas de moi, mais de toi ma sœur aînée ! Ça ne sert à rien de m’accuser ! Prends tes responsabilités ! S’accusant mutuellement, les deux sœurs se crêpent le chignon. On entend leurs vociférations à tous de partout. Pois chiche rit aux éclats et se dépêche de quitter les lieux pour courir d’autres aventures encore plus facétieuses sous d’autres cieux… »Our kefount eth’houdjay i nou our kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. »(Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).
Benredjal Lounés
