Arezki Idjerouidene se ressource à Aïfen

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Mais il garde toujours les pieds sur terre. Il y tient d’ailleurs. Il n’a pas du tout oublié d’où il est parti. En organisant une offrande à la population de son village natal samedi dernier, en Kabylie, il a surtout voulu retracer le chemin parcouru à ses enfants, tous présents à l’évènement.

D’habitude très discret sur ses sentiments, n’empêche que ce jour-là, il avait du mal à dissimuler l’émotion qui le submergeait au milieu des siens. Vous avez beau chercher une miette du P-DG, de l’homme d’affaires, mais peine perdue. Sa présence se résumait à celle d’un père comblé de voir ses enfants, dont l’aîné Méziane, directeur général de la compagnie emmitouflé pour la circonstance dans un burnous blanc, tout comme papa d’ailleurs, se ressourcer sur cette terre de leurs ancêtres. Le grand-père était aussi là. Une moustache blanche bien taillée, les mains tendues vers le ciel, il n’arrêtait pas de remercier Dieu pour ces retrouvailles. La grande famille des Idjerouidene était réunie au complet. Meziane avouait avoir la gorge nouée. C’est la première fois qu’il s’est retrouvé à prendre place au milieu de son père et de son grand-père. Le directeur général s’est senti tout d’un coup un petit enfant étranglé par l’émotion. Tout Aïfen était aussi là. On est venus même des villages avoisinants.

On est venus dire à “Monsieur” Aigle Azur reconnaissance et fierté. Les gens d’Aïfen ont montré beaucoup d’admiration pour l’homme et sa réussite mais surtout pour cette simplicité dont il a toujours fait preuve envers les siens.

A vrai dire, “D’da” Arezki (signe de respect usité en Kabylie), comme aime l’appeler Monsieur tout le monde, ne fait aucun effort dans son comportement pour perpétuer cette courtoisie que le premier venu lui reconnaît. Il ne faudrait pas du tout s’étonner si un jour vous vous faites surprendre à faire la queue devant ou derrière lui face au comptoir d’enregistrement des bagages à l’aéroport.

C’est un fait presque courant chez lui. Tout comme il s’attable le plus naturellement du monde au café du coin de la “Rue de Paris” à Montreuil. Il est comme ça, Arezki Idjerouidene. Un homme grand par sa simplicité. Il traite sans complexe avec le haut rang comme il converse avec le petit gamin anonyme. Sa richesse à laquelle il tient par-dessus tout ? Inculquer encore et toujours les valeurs de ses ancêtres à ses enfants et petits-enfants. Ces derniers, il ne les a pas encore, mais c’est là l’autre effort qu’il attend de Méziane, et Idir…

En attendant, il patiente, prend du plaisir à savourer ce pelerinage, et parfois se surprend à replonger dans son enfance à lui : “Je me souviens bien de cette journée-là où je suis rentré de Tizi-Ouzou jusqu’à Aïfen à pied. J’étais encore petit bien sûr, et ce jour-là on rendait les résultats de l’examen de sixième que j’avais raté. Quand je suis arrivé au village je me suis rendu compte que je traînais des semelles de goudron sous les pieds… C’est des souvenirs d’enfance que je n’oublierai jamais. Il y a aussi cette fois où notre âne que je guidais s’est renversé et s’est retrouvé bloqué dans un fossé. J’avais tellement eu peur que j’ai fui en l’abandonnant…” De ces histoires de son propre vécu d’enfant à Aïfen, Arezki Idjerouidene s’en souvient toujours comme si c’était hier.

Il les racontait encore samedi dernier avec des éclats de rire et du charme aux amis et anonymes qui l’entouraient au cimetière du village où il a organisé l’offrande.

Ce n’est pas souvent qu’on entend blaguer de la sorte un P-DG d’une compagnie aérienne. Ou encore lui partager une assiette. Les gens d’Aïfen ont cette chance… Ils étaient des centaines à venir lui partager ces moments de joie, de convivialité, de communion et de ressourcement. Et si on est venu nombreux à ce rendez-vous que leur avait fixé cet homme, c’est qu’il est aimé par les siens, malgré son éloignement. Ce n’est pas donné à tout le monde de l’être…

Djaffar C.

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