La ville des mille martyrs aime tant qu’on parle de son passé glorieux, de ses hommes et de ses femmes sacrifiés, de ses villages brûlés et de ses redoutables guerriers qui furent des années durant les pires cauchemars des généraux français. Il nous sera, certes, impossible d’évoquer leur parcours à tous du fait qu’ils se comptent par centaines (pour une petite bourgade de moins de 5 000 habitants à l’époque) mais on pourrait parler de certains de leurs leaders, et plus particulièrement ceux dont le nom symbolise le combat qu’ont livré tous les douars de Sidi Ali Bounab. De ceux-là, le commandant Ali Bennour, dit Ali Mouh Nâali, fait figure de personnage incontournable dans cette formidable page d’histoire que la région a écrite, puis dédiée à toutes les générations nées après l’indépendance.
Chahid, fils de chahid et frère de deux chouhadaLe commandant Ali Bennour est né en mai 1927, au village Ighil Yahia Ouali, douar des Béni Chenacha, commune de Tadmaït. Pour répondre à l’appel de la patrie, il n’hésita pas à prendre les armes aux côtés frères d’armes. Des cinq moudjahidine, seul Slimane le plus jeune, est resté en vie.
Le nom d’Ali Bennour commença à prendre de l’aura dès les premiers mois de la guerre.
Déjà qu’à Tadmaït, plusieurs actions de sabotage ont eu lieu dès le 1er-Novembre-1954 avec l’incendie de l’unité de Tabacop, l’unité de bois et de liège, ainsi que la coupure des poteaux électriques et lignes téléphoniques à Tadmaït.
Après le congrès de la Soummam, Ali Bennour sera désigné dans plusieurs responsabilités politico-militaires au sein du comité de la zone IV, et gravira les échelons jusqu’à devenir membre au commandement de la Wilaya III.
C’est, d’ailleurs, en 1956 qu’il a été désigné adjoint militaire du capitaine Ousmail Kaci, dit Kaci Iheddadène, chef de la zone IV.
En 1958, quand le nouveau chef de cette zone, Ahcène Mahiouz est envoyé en mission dans la Wilaya IV, c’était le capitaine Sidi Ali Moh N’Ali qui prendra le commandement.
L’insaisissable commandantDu fait de constituer une zone d’actions permanentes de la part des moudjahidine, la région de Tadmaït est désignée par l’armée française comme zone opérationnelle. C’est dans cette même zone que le chahid, aux commandes de ses troupes allait mener les plus importantes de ses batailles.
A commencer par l’opération Basque du 8 juin 1958, menée et supervisée par le Général “Ollié” en représailles aux innombrables embuscades et autres attaques qui ont ciblé l’armée française sur l’axe Tadmaït-Naciria-Waryacha-Hidoussa. Pas moins de 6 000 soldats français prennent part à l’opération. Les moudjahine ont assiégé pendant trois jours et deux nuits avant de pouvoir desserer l’étau, non sans perdre quelques éléments. Le bilan de cette opération sera particulièrement terrifiant : des villages entiers ont été rasés ou incendiés, plus de 160 civils tués ainsi que l’interpellation de tous les adultes des villages (environ 500 personnes). Le commandant Ali Bennour fera preuve de la même agilité et clairvoyance militaire lors de la bataille d’Imeqriyène qui s’est déroulée quelques mois après la première opération. L’armée française n’avait presque rien compris à la façon dont il a pu sortir de son refuge encerclé, en compagnie de la majorité de ses soldats.
Gloire au chahidAprès cela, Ali Moh N’Ali fut promu capitaine chef de la zone IV, puis détaché auprès du comité de la Wilaya III, ce qui le rehausse au rang de commandant.
Lors d’une visite d’inspection de la zone 4, qui coïncidait avec le déclenchement de l’opération Jumelles, Si Ali fut surpris par une unité française avec laquelle il échangea des tirs nourris pendant plusieurs heures. Blessé au front et au bras, il sera capturé par l’ennemi et transféré vers la caserne de Draâ El Mizan. C’était le 18 octobre 1959. Devant son refus catégorique d’accepter toute forme de compromis avec l’armée française, il sera lâchement exécuté, avec le chahid Oukil Ramdane, infirmier de la région, le 21 octobre 1959.
Ahmed Benabi