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Quand la résistance paye

Plus de dix attentats terroristes meurtriers ont été enregistrés dans la région durant le mois écoulé. Ces actes terroristes viennent s’ajouter aux différentes opérations de rapts qui visent les industriels et les commerçants de la région. Le dernier en date est ce commerçant d’Iflissen kidnappé par un groupe armé, relâché grâce à la mobilisation des citoyens de sa commune. On est loin du sobriquet qu’on donnait, jadis à cette région, “la petite Suisse”. La Kabylie sombre ces dernières années dans un cycle infernal de violence, par ailleurs jamais atteint depuis des lustres. Refuge sûr des groupes islamistes armés, la Kabylie est devenue un vrai coupe-gorge. Si cette situation perdure, c’est l’image d’une région rebelle et engagée qui sera altérée à long terme. Elle en pâtira vu ses positions anti-islamistes et anti-pouvoir qu’elle assume depuis l’Indépendance. Loin le temps où cette région fut un havre de paix et où s’exprimaient et s’épanouissaient en son sein, les idées de démocratie, de liberté, de progrès et de résistance. Jamais, durant la décennie noire qu’a vécue le pays, des ambassades étrangères n’ont osé déconseiller à leurs ressortissants de se rendre en Kabylie, comme ce fut le cas pour d’autres régions du pays. Durant les années 1990, seule la Kabylie avait pris sa responsabilité et appelé ses citoyens à résister contre les hordes terroristes. L’on se souvient des Groupes de légitime défense mis sur pied depuis 1994, à travers les villes et villages de Kabylie dont l’objectif est de freiner les groupes islamistes armés dans leur périlleux projet et sauver, ainsi, la République. La naissance de ces groupes de résistance contre les hordes criminelles réaffirmait au fait l’attachement indéfectible de la Kabylie à son esprit rebelle et à son projet démocratique.

Des années durant, elle a mené un combat son relâche, à travers des partis politiques, des associations, des universités, et par ses citoyens, contre l’islamisme armé. Près de vingt ans après, elle se retrouve la cible de ce qu’elle a combattu. En proie à toutes les exactions, il a fallu que toute une commune de la Kabylie maritime se mobilise pour libérer un de ses enfants enlevé par un groupe armé. L’exploit de ces citoyens qui ont d’abord sauvé un des leurs d’une mort certaine, puis évité à sa famille une forte rançon, qui ira, sans nul doute alimenter les caisses des terroristes, nous rappelle, cette forme de solidarité qu’on croyait disparue pour toujours chez les Kabyles. La mobilisation des At Yeflissen pour libérer la victime rappelle aussi que lorsque le peuple s’en mêle ni le caractère hégémonique des pouvoirs politiques ni la terreur terroriste ne peuvent venir à bout de son engagement. Leur résistance face à la terreur terroriste est une leçon de courage dont peuvent s’inspirer, même les nations les plus avancées. Les groupes armés ont toutes les peines du monde à s’enraciner en Kabylie, forte de ses idées anti-islamistes. Cette région leur est hostile. Ni complicité, ni soutien politique, il suffit de peu d’engagement de la part des autorités concernées pour anéantir ce qui reste de cette nébuleuse criminelle.

M. Mouloudj

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