Salaire journalier : une paire de chaussettes

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Travaillant dans le cadre de l’IAIG, au sein de la mairie de Aïn El Hammam, une jeune fille nous a abordés pour nous raconter sa de convenue à la limite du burlesque, vécue, malheureusement, par des milliers de jeunes comme elle.

Ayant perçu son “salaire” (3000,00 DA) dans la journée de mardi dernier. Comme tout travailleur qui reçoit son traitement, son premier réflexe a été de faire quelques achats.

Ainsi, pour réchauffer ses pieds gelés, huit heures par jour derrière un bureau, elle s’achète une paire de chaussettes qui lui reviennent à soixante-dix dinars (70 DA).

Ayant dépensé trente dinars (30 DA), en fourgon de transport, elle se rend compte qu’elle vient de “bouffer” son salaire journalier. Elle vient d’épuiser son budget quotidien sans café ni casse-croûte. Triste, et révoltée, elle ne s’arrêtera pas de fulminer et de nous dira : “Dites… et citez mon nom”. Ce que nous nous interdisons de faire. On risque d’être la cause de son renvoi. Continuent sur sa lancée, elle ajoute : “Le poste de l’IAIG (Indemnité d’activité d’intérêt général) est devenu un luxe. Bientôt on recrutera des gens sur concours. Le chômage est tel que les jeunes sont capables d’exercer n’importe quel boulot pour des miettes”. Son collègue de bureau, blasé, ne cesse de la narguer avec “ils (les responsables) savent tout ça mais personne ne nous écoutera”.

Au moment où les fonctionnaires se plaignent de leurs salaires, considérés comme misérables, de quoi allons-nous qualifier l’allocation du filet social, qui ne dépasse pas le quart du Smig ? “Le comble est que les statistiques, comptabilisent l’emploi des jeunes comme postes de travail”.

Lorsqu’on sait qu’on ne peut vivre plus de deux jours avec trois mille dinars, il est à se demander comment se débrouillent ce père et cette mère de famille, exerçant dans le cadre de l’IAIG, depuis plus de huit ans, pour l’un et plus de douze ans, pour l’autre.

Chacun d’eux vous racontent une histoire pitoyable et parfois cocasse. Faut-il en rire ou en pleurer ?

A. O. T.

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