Dans un brouhaha indescriptible, des jeunes, des vieux ont entouré les guichets de la compagnie Air Algérie pour avoir le fameux sésame. Il étaient des milliers venus de toutes les régions dès les premières heures du matin, certains même dès 5h du matin « à la première seconde où on a su que le visa a été annulé, nous nous sommes précipités ici afin d’avoir le billet d’avion pour prendre le vol dés que possible. » Selon le P-DG d’Air Algérie, quelques 5 000 place sont disponibles sur plus de 30 vols à destination du Soudan. Les fans des Verts étaient transportés par l’entreprise Tahkout, après que tous les billets disponibles au niveau du complexe sportif Mohamed-Boudiaf soient vendus. Des débordements au niveau des guichets ont poussé les forces de l’ordre qui étaient nombreuses, à réagir et installer un cordon de sécurité à l’intérieur de la salle d’embarquement pour parer à tout dépassement. « Nous ne savons plus quoi faire, ils nous ont promis des billets, voilà qu’ici, on nous fait attendre des heures, je ne sais pas si j’aurai mon billet. » Dans cette anarchie, les supporters ont fait face à un mépris total de la part des agents de sécurité ainsi que du personnel d’Air Algérie, une employée qui a accepté de nous répondre, s’est rétractée en découvrant le nom de notre journal. Certains pseudos supporters ont profité du climat anarchique qui régnait pour subtiliser des objets de valeur à des voyageurs. Certains ont passé la nuit à l’aéroport pour être les premiers servis, d’autres arrivés en retard tentent désespérément de se frayer un chemin pour passer, mais en vain. Un responsable d’Air Algérie nous dira : « Pour le moment, nous ne pouvons pas fournir plus de 5 000 places, ce sont les ordres » avant de s’éclipser, en laissant tout ce beau monde, se chamailler, qui pour une place, qui pour une bouteille d’eau. A l’extérieur de l’aéroport et plus précisément à côté du parking, des supporters quémandent pour rassembler les 20 000 DA avec lesquels ils pourront s’offrir le billet d’avion « On ne pense pas où passer la nuit ou quoi manger, tout ce qui nous intéresse, c’est d’arriver au Soudan, » nous dira un supporter, d’un ton coléreux. Dans ce contexte singulier, les autorités ont du mal à calmer l’ardeur des Algériens, qui ne jurent que par la vengeance et la victoire ; des milliers de personnes petits et grands ont décidé de se rendre au Soudan, mais il n’y aura pas assez de place pour tout le monde, un seuil de 10 000 places a été arrêté hier par la compagnie Air Algérie. Lorsque nous quittons l’aéroport, une foule nombreuse attendait toujours, les passeports ont été déposés et il ne reste que le billet, mais la sécurité n’a pas admis tout le monde, juste ceux qui disposaient d’argent pour accéder aux guichets toujours pris d’assaut dans une organisation cacophonique qui présage le pire, en scandant déjà « Aâtouna el billet. »
Hacène Merbouti