Les médias égyptiens, notamment les télévisions satellitaires de la République de Moubarak, ne renoncent pas à leur mission entamée dès l’annonce de la confrontation footballistique entre les Pharaons et les Fennecs. Ainsi, après la campagne de lynchage médiatique, l’agression sauvage contre les joueurs et les supporters algériens, voici venu le temps des larmoiements et des pleurs, et cela bien entendu, après leur défaite au Soudan.
Cette escalade de haine contre l’Algérie est, cette fois-ci portée à bras-le-corps, par les médias, les officiels et surtout les hommes et femmes de culture. L’Egypte, de l’énigme des pierres et des pyramides, est suppliée par une énigme de violence et de haine. Cette énigmatique haine a provoqué une levée de boucliers contre tout ce qui est algérien. A l’heure où nous mettons sous presse, l’ambassade algérienne en Egypte est assiégée, on dénombre plusieurs blessés parmi les services de sécurité cairotes.
De retour du Soudan, les télévisions égyptiennes, pour égayer la galerie locale, se sont lancées, non sans ressentiments, dans une campagne des plus bizarres de manipulation médiatique. Les icônes du cinéma, de la chanson, du théâtre… égyptiens, ont unanimement, insinué, que les supporters algériens les ont pris pour cible. Les commentaires et les insultes ne manquent pas pour autant. “Le gouvernement algérien a envoyé 3 000 criminels au Soudan”, a témoigné un acteur. “Ce sont des sauvages, c’est grâce à Dieu que nous avons la vie saine et sauve”, larmoie un autre. Ou bien, “j’ai vu des hordes de criminels venues nous massacrer”, dit un autre. avant qu’un autre ne renchérit :“Après avoir caillassé le bus de notre équipe (équipe d’Egypte NDLR), ces énergumènes se sont dirigés, avec la complicité des services soudanais, vers le lieu de notre résidence afin de nous lyncher”. Des images de « blessés » et du bus transportant les joueurs égyptiens, des commentaires sont diffusés en boucle sur les chaînes, notamment Dream, Nile-TV et El Hayat.
Autant de témoignages et de commentaires frisant tantôt le burlesque tantôt l’inacceptable, sont distillés par la presse écrite égyptienne, qui, lors des débats à sens unique, a traité la presse algérienne de tous les noms d’oiseaux. Faut-il signaler que cette campagne n’est pas près de s’estomper, surtout lorsque l’on sait que la FIFA a décidé de sanctions disciplinaires contre l’Egypte.
Cette façon de faire et de procéder chez les Egyptiens n’est pas nouvelle. Le coup d’envoi de cette campagne est donné par les officiels du pays des pyramides. Ainsi, Hosni Moubarak a chargé son ministre des Affaire étrangère de rappeler son ambassadeur en Algérie pour, disent-ils, des consultations. L’ambassadeur algérien au Caire est aussi invité à s’expliquer sur les événements qui ont eu lieu au Soudan après le match. Cette Egypte officielle qui n’en démord pas, renseigne, on ne peut plus clair, sur la mauvaise posture que traverse le pouvoir de Moubarak, lui qui a misé sur l’équipe de football de son pays pour, en toute vraisemblance, apaiser les tensions sociales qui minent sa « République ».
Cette campagne n’est pas fortuite. Elle vise en premier lieu à déchoir l’EN de sa victoire tant méritée. Elle vise aussi, par effet boomerang, à se dédouaner, vis-à-vis du monde entier des violences qui ont émaillé les deux rencontres et à charger ainsi l’Algérie, qu’ils ont traitée, par ailleurs de “terroriste”. Cette campagne n’est pas l’œuvre de la seule presse haineuse de l’Egypte, mais elle obéit à une volonté politique exprimée en haut lieu.
M. Mouloudj
