Tamridjt est située à une soixantaine de kms à l’est de Bgayet. Elle fait partie des communes implantées sur le piémont de la chaîne des Babors. Pour mémoire, cette dernière prend naissance dans la région de Jijel et termine sa course à Ain Kebira dans la wilaya de Setif. C’est dire que cet immense djebel avait abrité des centaines de terroristes de l’AIS d’alors dirigés par Madani Mezrag. Tous les villages situés aux abords de la chaîne de montagnes ont tout le temps vécu les affres de la horde terroriste et Tamridjt n’a pas du tout échappé aux tueries. L’on se rappelle de ce fameux printemps de 1994 lorsque pas moins 5 femmes ont été purement et simplement mutilées par des terros sans foi ni loi. Les pauvres mères de famille qui laissent derrière elles un total de 18 enfants s’étaient retrouvées nez à nez avec les tueurs, avant de se faire égorger comme du bétail. Les barbus étaient en pleine décennie noire et n’avaient pas choisi la chaîne des Babors par hasard. L’armée française avait rencontré les pires difficultés pour déloger les moudjahidine eu égard au relief accidenté de ces lieux. L’on se souvient également que le siège de l’APC a été entièrement incendié sans compter les nombreuses incursions et enlèvements de personnes. De nombreuses familles avaient alors fui les lieux vers Souk El Tenine, Aokas et Bgayet. Certaines n’y ont jamais remis les pieds. De nombreux enfants ont connu des traumatismes et gardent des séquelles jusqu’à aujourd’hui. Ait Ali est un lieu-dit situé un peu plus haut que Tamridjt et pendant un certain temps, cette localité fut le grenier de maraîchages et d’arbres fruitiers notamment l’oranger. On parlait souvent de la saveur des produits agricoles d’At Ali, c’est malheureusement là que les sanguinaires avaient élu domicile. Aujourd’hui, cet eden n’est qu’un souvenir et les lieux jadis nourriciers pour toute une région sont recouverts de maquis, de genêts et lentisques, “Le calme et la sérénité sont certes revenus mais les choses ont perdu leur charme. Il existe encore des séquelles qui nous font revivre le cauchemar, alors j’ai préféré ma famille et moi de ne plus remettre les pieds dans ces endroits” dira un ancien habitant de Tamridjt installé dans les bâtiments de Souk El Tenine. Bref, il était à notre humble avis utile de se remémorer ne serait-ce que pour avoir un aperçu sur les méfaits de la tempête terroriste qui s’est abattue sur nos régions. La réconciliation nationale a, qu’on le veuille ou pas eu son effet et la horde n’est qu’un lointain souvenir amer à plus d’un titre.
A. Nabet
