Nabeth : de retour à la chanson

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Il y’a des artistes qui par une seule chanson ont marqué  » leur  » public, par un seul titre, leur nom ou pseudonyme est immédiatement  » repéré  » à travers le temps. Ce mot artiste, n’est pas un emprunt pour une certaine génération de chanteurs. Il a chanté durant les années difficiles, il ne s’est pas fait un nom avec des chansons d’autres artistes ; comme il ne s’est pas fait  » du fric  » avec la chanson.Nous l’avons rencontré à Azazga, dans la boite de communications « Imagic », chez Arezki Amarni et Nacer Haciane, où il réalise ses clips qui sortiront bientôt. Après une absence sur le marché de la musique et de la chanson, il revient avec deux albums. Nous l’avons approché et avec son humour habituel, il nous a répondu” d’ » Achiwen « .

La Dépêche de Kabylie : Qui est Nabeth ?Nabeth : Un citoyen originaire d’Ath Yanni. Je suis né un 18 juin 1955 au village Aït Lahcène. J’ai fait mes études au collège Verdy ; là, je commençais à comprendre certaines choses de la vie, notamment, le phénomène identitaire, avec la présence des coopérants français, la venue des enseignants masri, et surtout la présence de Da Lmouloud Mammeri, que nous retrouvions quelquefois à la sortie du collège. Autrement les lettres d’état civil qui composent mon patronyme forment Hadjout Abdelkader. Marié, père de trois enfants et un petit-fils et j’exerce un métier de géomètre expert foncier.

Quand avez-vous débuté dans la chanson ?ll J’ai commencé la chanson publique à l’âge de 33 ans. Je résidais à Azazga, et sur mon chemin de chaque jour, se trouve un des plus prestigieux studios de Kabylie : le studio « Yugurten » de M. Mustapha Lahcène et M. Tigrini M’hena. En 1974, j’avais l’intention de partir et de m’exiler en France, je devais abandonner mes études et tout, mais je suis confronté à une opposition du conseil de famille. Je reste donc et au cours de mes études supérieures en Oranie, je retrouve un autre monde musical : je m’intègre dans un groupe tlémcenien, puis dans divers petits groupes raï.

Votre dernier album remonte à quand ? ll C’était en 1995, dans des conditions très difficiles. Pendant que des centaines d’hommes de culture, d’intellectuels fuyaient le pays, je traînais alors dans des studios d’enregistrement puis à travers certains villages de Kabylie et dans l’Algérois pour assurer moi-même la distribution des cassettes, tout en rentrant chaque soir à mon domicile situé à quelque deux kilomètres du tristement célèbre lieudit Takhoukht. L’album s’intitulait Yidem et illustré par ma photo.

Passons à l’aspect musical : quelles étaient vos influences à vos débuts ? Avez-vous reçu une formation musicale ?ll Comme tous les chanteurs kabyles de ma génération, nous avons pour source des chanteurs connus depuis l’ouverture de la chaîne kabyle de Cheikh Noureddine à Aït Menguellet. Je m’intéressais aux musiques du genre chaabi : El Hasnaoui, Amer Ezzahi etc. … du genre folklorique kabyle : Athmani, Hassene Abassi, Slimani, Amer Koubi, Aït Menguellet, genre moderne kabyle : Ferhat Mehenni, Abranis, Idir, Djamal Allam et bien d’autres groupes…, seulement j’essaie d’exécuter mes compositions avec une instrumentation telle que je l’avais apprise de B. Izri. Quant a la formation musicale : j’ai essayé de me former en solitaire, vainement. Je garde quand- même les notions élémentaires de solfège.

Parlez-nous de vos deux derniers albums sortis ces jours-ci.ll Après avoir décidé de revenir sur scène, avec un nouvel album, j’ai pensé retrouver mon public et pourquoi ne pas en conquérir d’autres nouvelles oreilles. En leur rappelant qui est Nabeth à travers les anciennes chansons en publiant un best off des trois cassettes déjà connues, parmi lesquelles j’en ai choisi une dizaine de titres dont la chanson D achiwen !

Vous avez fait un duo avec Amour Abdenour, et dans la chanson « ah yemma inas » vous avez dénoncé la division ! Pouvez-vous nous en parler plus ?ll J’ai finalement décidé de revenir à la chanson suite aux encouragements que me lançait sans arrêt Amour Abdenour. (pour ne pas dire des pressions. C’est un artiste qui cherche à unir et qui n’aimerait pas nous voir abandonner le terrain de la chanson. Tenant compte de l’intérêt qu’il porte à mon retour, je ne pouvais que saisir cette opportunité et cette occasion qui me laissent penser que je peux encore apporter quelque chose, d’autant plus que ce sont des appels qui viennent d’un grand artiste. Voilà donc et en signe de fraternité que j’ai toujours cherché; je lui demande de bien vouloir me faire honneur d’interpréter à deux, une chanson dont le thème est la fraternité, et que j’avais composée bien auparavant, sur une musique connue de maître Abdelwahab Abjaoui. Ça parle de fraternité et de solidarité.

Vous avez connu Izri Brahim, rappelez-nous quelques souvenirs.J’ai connu Brahim Izri au collège Verdy (actuel EF Larbi Mezani ) d’At-Yanni. On s’entendait assez bien sur le plan musical. Il m’introduisit plus tard dans le cercle de la zaouia de son père en faisant partie de l’orchestre. Brahim était un très bon musicien, il touchait à tous les instruments qu’il maîtrisait à souhait : la guitare, mandole, la percussion et également le violon. J’avais beaucoup appris chez lui notamment les accords de musique moderne, une manière de jeu d’arpège et un peu de violon.

Entretien réalisé par Boudinar Mhanna

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