Ces médias reconvertis en tribune d’insultes et de lynchages continuent leur salle besogne. Pas loin qu’avant-hier, les médias du Nil ont trouvé une autre procédure pour mieux mener leur campagne. Après les artistes qui défilaient tels des chargés de mission sur les plateaux de télévision égyptiens, voici venu le temps où ce sont les intellectuels qui prennent le relais.
«L’Egypte est ciblée par une campagne très dangereuse et l’Algérie est l’instrument de ce complot», avertit un « Oustaz ». Et d’enchaîner, pour paraître comme une parfaite victime, que tous les pays arabes « détestent l’Egypte ». Cette manière de faire et surtout de se « victimiser » chez les Egyptiens a montré les limites d’un gouvernement qui a perdu la raison et des médias qui n’ont pas eu à mesurer toute la décadence d’une profession et d’une éthique sacrifiées sur l’autel de la suprématie perdue.
Les « intellectuels » défilant sur les plateaux ou par téléphone, orientent, on ne peut plus injurieux, le débat d’une manière à attiser encore plus la haine envers l’Algérie. Pour certains de ces commondos, ce sont les “Imazighen”, pour eux, qui sont des barbares, et derrière les agressions dont les Egyptiens seraient victimes.
L’Egypte qui s’est parée des plumes de paon, et à force de taquiner sa « grandeur », s’est retrouvée discréditée sur le plan sportif, bien sûr, et ensuite, sur le plan médiatique.
Cette sulfureuse cabale montée de toutes pièces, a été léguée par la garde prétorienne de la dynastie des Moubarak à une presse gagnée par la déraison et le mensonge à tout bout de champs. Dans leur lancée, les médias égyptiens ont pris pour cible toutes les chaînes de télévision qui ne se sont pas positionnées en leur faveur. Ainsi, les télévisions européennes, celles du Qatar ou autres, sont accusées de parti pris pour l’Algérie. Dans leur quête de sensationnel, le pouvoir local en aura besoin en ces temps d’incertitudes, pour mieux amadouer le peuple, les chaînes satellitaires s’éreintent à présenter l’Algérien comme un être dangereux et surtout barbare. De son côté, l’Algérie a préféré payer « en monnaie de singe » toutes ces « avances » égyptiennes, en se consacrant, uniquement à la fête, qui a vu les villes et villages du pays renouer avec la joie. Ceci dit, le rôle qu’ont joué les Egyptiens est primordial, d’abord, pour tout ce qu’ils ont provoqué comme joie et fête en Algérie. Ensuite, le fait de dénier à l’Algérie son appartenance au « monde arabe ». Sur ce dernier point, l’Egypte a contribué d’une manière efficace à redonner à l’identité algérienne sa place réelle. Cette Egypte du panarabisme et baâthisme à outrance nous a montré, que malgré les années d’aliénation idéologique à l’Orient, il suffit d’un match de foot pour voir la solidarité arabe voler en éclat et l’identité collective, assumée par les pouvoirs respectifs de ces pays, s’effriter pour laisser place à celle héritée des histoires millénaires de chaque pays. Et enfin, c’est grâce à ce pays que le début de la fin d’une aliénation idéologique, culturelle et même politique se pointe à l’horizon.
M. Mouloudj