L’essentiel et le superflu

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Le secteur de l’éducation est, sans l’ombre d’un doute, le secteur qui enregistre le plus de grèves. Qu’elle se manifeste à l’échelle nationale ou locale, la colère des enseignants et autres fonctionnaires du secteur est récurrente. En gros, cette grogne répétitive est généralement motivée par la volonté légitime, faut-il le souligner, de revaloriser le statut de l’enseignant. L’avènement du Cnapest, il y a près de huit ans, a pour ainsi dire, donné plus d’épaisseur à la protestation. Ceci, bien entendu s’explique par la crédibilité que connaît le syndicat parmi les enseignants. Ouvrant une parenthèse pour souligner que cette crédibilité semble faire défaut à des associations des parents d’élèves jugées non représentatives pour cause de non renouvellement de leurs bureaux. Ces associations, théoriquement partenaires de l’acte pédagogique ne s’expriment que pour inviter les protestataires à la reprise des cours. Du coup, leurs interventions sont perçues comme l’expression d’un casseur de grève appelé à la rescousse d’un ministère dépassé, voire vieillot. Et l’inamovibilité de son premier responsable justifie amplement les archaïsmes qui perdurent chez nous, pendant que sous d’autres cieux, l’école est l’institution à laquelle on accorde le plus d’attention, en termes d’approche pédagogique. Des approches de “pointe” dont le souci est de “frapper” un citoyen moderne. Et c’est de cela que l’on voudrait le plus souvent entendre parler les syndicats en colère et les associations de parents d’élèves. La grogne, nous semble-t-il, n’a jamais invité le pouvoir en place à revoir de fond en comble le système éducatif. A lui rappeler que la couleur de la blouse et la levée des couleurs ne font pas l’école. Le patriotisme ne s’improvise pas à l’école sur fond de punition : il est insaisissable et dépasse de loin les circulaires officielles. L’Algérie entière s’est vêtue de l’emblème national, ces dernières semaines, dans un élan de patriotisme spontané et incolore. C’est dire que les «réformettes» formelles engagées sporadiquement par le ministère sont superflues. L’essentiel est de (re)corriger la copie de “l’école algérienne de Pavlov à Ben Badis”. A propos de cet essentiel, on voudrait aussi entendre les syndicats protestataires.

T. O. A.

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