A Thighilt Thouzouighth, situé à deux kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la commune de Chemini, l’ignoble côtoie l’abominable à cause de l’impertinence d’une flopée d’individus peu sensibles, à la symbolique des lieux. En effet, ce lieu déserté de toute habitation, constitué d’une immense et riche oliveraie, fut jadis un terrain de combats sanglants durant la longue période qu’est la guerre d’Algérie, où le sang de nos valeureux chouhada que nous chérissons tant, y était abondamment versé, d’où son nom de la “Vallée rouge”. Comme maigre hommage, un monument dédié aux martyrs y était érigé, entouré d’une barrière et un portillon en fer forgé. Mais, passée, l’inauguration solennelle, le site sombre dans l’oubli et souffre d’une multitude d’actes de vandalisme. A la peinture écaillée et jamais remplacée s’ajoute la clôture littéralement déracinée. Ensuite, des décharges de terre et de détritus sont périodiquement déversées aux alentours tel qu’il est difficile de se frayer un passage praticable vers le site. Cependant, l’humiliation ne se limite pas à ces actes. Chaque jour que Dieu fait, profitant de la fausse discrétion qu’il offre, le site devient la petite Mecque d’une jeune génération buvant et fumant jusqu’à l’ivresse, ouvrant ainsi la voie aux chiens et autres bêtes de passage pour y laisser leur multiple déjections côtoyer un tas de tessons de mégots et de pisse aux pieds de l’auguste monument. Et là où le bât blesse à donner une salve de nausées, c’est que cet ahurissant spectacle quasi-quotidien se déroule depuis un bail, au vu et au su de tout le monde, mais sans que cela n’émeuve personne !
T. Djeroud