Taâricht Bouchen : une agglomération abandonnée

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Cette agglomération composée d’une vingtaine d’habitations dénommée à juste titre “Taâricht Bouchen” en comparaison à sa position en nid d’aigle, située sur une haute colline prise entre deux importants ravins, est une bourgade implantée dans la périphérie immédiate du chef-lieu de la commune de M’chedallah côté nord, composée de membres d’une seule famille, Abbas (Iouvaz), cette derniere est abandonnée à son triste sort.

C’est à l’occasion d’un déplacement pour les funérailles d’un membre de cette famille qu’un spectacle des plus désolant s’offre à notre regard, une fois sur les lieux ; d’abord pour y parvenir, il faut emprunter un chemin serpentant sur une pente à 120° qui demande une énergie particulière et de forts biceps pour franchir les quelques 800 m ; à l’entrée de la bourgade, c’est un amoncellement d’ordures, d’où s’élèvent des odeurs nauséabondes, qui nous accueille, quelques dizaines de mètres plus loin, ce sont des fosses septiques à ciel ouvert non recouvertes que nous remarquons avec effroi car aménagées entre les maisons et pour d’autres habitations ce ne sont pas des fosses mais des rejets d’égouts individuels qui déversent les eaux usées à 20 m à peine. Sur place, les résidents de cette bourgade, qui nous ont reconnus, nous ont carrément assiégés, tellement qu’ils en ont gros sur le cœur et voient en nous un moyen de dénoncer à travers leur journal tant d’injustice bien que les circonstances ne s’y prêtent pas en raison de la mort tragique de l’un des leurs.

Pour faire baisser la tension de nos interlocuteurs qui tiennent à nous faire voir leurs déplorables conditions de vie mais surtout déplorer la sourde oreille des pouvoirs publics à leurs doléances.

Ces citoyens surexcités exhibent des liasses d’accusés de réception et des paquets de copies de correspondances adressées aux autorités locales, mais en vain.

En plus de l’impraticabilité de la piste, l’insalubrité de leur cité et toutes les contraintes énumérées, ils nous apprennent qu’ils font face à une crise aiguë en matière d’eau potable car la conduite d’AEP est sujette à de fréquentes prises d’air, les ventouses étant inopérantes, et l’eau n’arrive que rarement dans leurs robinets.

Nos interlocuteurs qui vivent sur leurs terres refusent de céder à toutes ces contraintes et s’exodent ailleurs en abandonnant d’importants vergers composés essentiellement d’oliviers à rendement important et qui constituent leur unique richesse grâce auxquels ils mènent une vie décente.

Une bizarrerie au moment où l’Etat déploie des efforts considérables pour mettre un terme à l’exode rural en maintenant les populations sur place en leur octroyant les moyens pour leur stabilité. Ce sont ces gestes qu’attendent les habitants ainsi que les moyens d’accompagnement qui constituent un droit légitime et rien de plus.

Nous ne pouvons que joindre notre voix à celle de ces citoyens qui lancent un cri de détresse à l’intention du premier magistrat de la wilaya qui, faut-il, le reconnaître, ne lésine sur aucun effort pour rendre justice aux couches défavorisées depuis son installation aux commandes de cette wilaya, ce qui lui a valu un capital de sympathie qu’aucun de ses prédécesseurs n’a pu avoir une prouesse difficile à réussir dans cette région.

Oulaïd Soualah

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