Alors que la grippe A fait ravage et continue de faire des victimes à travers le territoire national, les proportions atteintes par cette pandémie sont jugées alarmantes et inquiétantes. “Une vraie menace sur la vie des hommes”, dit-on dans les milieux au fait de la situation. A Maâtkas, c’est quasiment le statu quo, comme si la région était protégée par un imaginaire bouclier magnétique qui empêcherait le virus de s’infiltrer. Pourtant, le mouvement des personnes ne s’est jamais arrêté avec les localités touchées par le virus. Tizi-Ouzou, la destination préférée des citoyens de Maâtkas, a déjà enregistré plusieurs cas confirmés. La venue des émigrés à l’occasion des fêtes de l’Aïd El Kebir est aussi une source à ne pas négliger. Le retour des hadjis peut également être à l’origine de l’introduction du virus de la grippe A et ce malgré l’installation des caméras thermiques dans nos aéroports. La mesure n’est pas sans risque, semble-t-il. Le cas de Béjaïa en est une preuve formelle. Le passage à l’alerte 6 et l’enregistrement de la douzième victime ne semblent pas inquiéter les autorités locales et sanitaires de la daïra de Maâtkas. Absence totale de communication, de sensibilisation et de sortie sur le terrain. On dirait effectivement que la région est hors d’atteinte. Les citoyens s’inquiètent et paniquent au moindre signe de rhume ou de grippe. Une vraie psychose.
Des citoyens apeurés
Lors de notre virée à travers les différentes polycliniques, les salles de soin et les cabinets médicaux, nous avons rencontré des malades qui s’inquiètent du moindre éternuement, toussotement ou fièvre passagère. La totalité des patients n’a évidemment rien à avoir avec le virus H1N1, mais le manque d’information et l’ignorance de ce qu’est la grippe A font que les gens s’affolent, à l’image de Omar un quadragénaire enrhumé qui vient consulter la polyclinique de Souk El Tenine. “On n’est jamais assez prudent, je viens effectivement consulter car depuis hier je ne cesse d’éternuer et de larmoyer. Cela m’inquiète, je préfère avoir l’avis d’un médecin pour avoir le cœur net”. Un autre vieillard que nous avons croisé à Souk El Tenine devant un cabinet médical privé nous révélera son inquiétude : “J’ai vu à la télé que le moindre signe de fatigue et de fièvre peut être synonyme du virus de cette grippe qui tue. Alors j’ai décidé de voir un médecin privé car ceux des polycliniques n’ont pas les moyens suffisants pour diagnostiquer le virus en question. Je préfère payer pour être sûr de ce que j’ai comme maladie”. Ils sont plusieurs dans cette situation, c’est dire l’absence d’information et de communication dans la localité. Hormis le spot publicitaire que les gens voient sur l’écran de l’Unique, rien d’autre ne vient éclairer la lanterne des citoyens.
Du côté des établissements scolaires
L’état des lieux est pareil. Aucun cours, aucune conférence et aucune campagne n’est assurée pour sensibiliser les nombreux écoliers de la région. Les directeurs et les enseignants que nous avons apostrophés à ce sujet affirment à l’unanimité que rien n’est fait et que les praticiens de la santé n’ont pas jugé utile de prévoir des rencontres avec les écoliers. Le directeur de l’école du centre à Souk El Khemis nous apprendra : “A l’exception des visites médicales habituelles, rien d’autre. La grippe A, personne n’en parle et aucune mesure n’est prise pour lutter ou détecter le virus H1N1. Nos élèves et notre personnel sont livrés à la garde de Dieu.” Un autre directeur dans la commune de Souk El Tenine, nous déclarera la même chose : “Aucun conférencier, aucun médecin et aucun responsable ne s’est manifesté à ce sujet. Nous continuons de faire comme si de rien n’était. D’ailleurs, même l’eau courante n’est pas disponible dans mon établissement. Quant au savon liquide c’est tout autre chose. Que Dieu nous protège. Nous sommes désarmés.”
La nécessité d’un plan de sensibilisation
Pour éviter cette crainte et cette psychose qui s’installent dans les esprits, toutes les parties doivent jouer leur rôle. A commencer par les médias lourds qui sont tenus de jouer pleinement leur rôle et de ne pas se contenter de ce spot dépassé conseillant de se laver fréquemment les mains et d’utiliser les mouchoirs jetables. Des tables rondes doivent animées par des spécialistes pour expliquer aux citoyens ce qu’est le virus H1N1, la conduite à respecter pour éviter de le contracter, de la répandre. Enfin parler du vaccin et même de ses effets secondaires. Les responsables sanitaires et les praticiens de la santé pourront bien aller au contact de la population et des écoliers. Des actions qui pourront réduire les risques et de limiter les dégâts. Les autorités locales elles, peuvent s’impliquer en mettant les moyens nécessaires comme l’eau, le savon et les masques à la disposition des établissements scolaires. En somme, si chaque partie concernée fait son devoir, les dégâts seront certainement minimisés. Dans le cas où les choses restent en l’état à Maâtkas, il faut s’attendre à un carnage à moins que le bon Dieu vienne nous protéger !
Hocine Taïb
