L’année des vaches maigres

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Dès que l’aube s’extrait de la nuit, des processions d’hommes et de femmes, mi-sommeillant, mi-babillant et engoncés dans leurs vêtements d’hiver, prennent la direction de leurs oliveraies.

Dans certaines huileries de la vallée de la Soummam, on s’affaire encore à dégauchir les pièces tordues, à vérifier l’état des moulins et à rafistoler les scourtins effilochés avant l’entame de la trituration, alors que quelques-unes ont pris des encablures d’avance en ayant déjà procédé à l’extraction de l’oléagineux.

Signe des temps, les propriétaires des vergers s’y prennent prématurément pour engranger leur récolte même si les conditions climatiques ne sont pas trop favorables, de l’avis de paysans bien ferrés sur cette culture, devraient plutôt inciter à une cueillette tardive.

On se prend à rêver de l’époque où la campagne ne débutait qu’à la fin de “Ikechachen”, une période du calendrier agricole traditionnel qui coïncide avec la dernière décade du mois de novembre et à l’issue de laquelle les baies donnent la pleine mesure de leur rendement. De nos jours, la cueillette prend l’allure d’une embarrassante corvée dont on s’empresse de s’acquitter avant que l’hiver ne déchaîne ses rigueurs.

Cela, naturellement, sans se soucier outre mesure des blessures infligées aux arbres qui sont soumis de manière récurrente et maladroite au supplice du gattilier, feuilles tombées, branches cassées. Ce procédé est en grande partie responsable du fort taux d’acidité de l’huile qui induit une dépréciation de sa qualité et de sa valeur marchande. Il est prématuré, en ce début de mois de décembre, de se prononcer sur l’issue d’une olivaison qui ne fait que commencer.

Cependant, au vu d’une participation au ras des pâquerettes, oléiculteurs et oléifacteurs réunis ne s’attendent pas à des pics de production. “C’est une campagne à ranger aux oubliettes. En agriculture comme ailleurs, il y a des hauts et des bas. On appelle ça le phénomène d’alternance qui veut qu’à une olivaison copieuse succède une autre chiche”, nous dira flegmatique un exploitant de la région de Tazmalt.

N. Maouche

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