Il ne manquait plus que cela !

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La campagne oléicole a bel et bien commencé dans une ambiance timide, loin de l’ambiance et de l’animation qui animaient les oliveraies et les sentiers qui y mènent. Les Maâtkis, à l’instar des populations du sud de la wilaya, regrettent déjà l’abondance et la générosité de Dame nature de la saison précédente. Certains oléiculteurs que nous avons sollicités trouvent que cette année les oliviers n’ont presque rien donné. Les quelques olives éparpillées ça et là seront vite ramassées et n’aideront en rien la vie économique des villageois, l’huile d’olive, le pétrole vert de la Kabylie et prisée par tous les Kabyles, d’ici ou d’ailleurs, cette année ne sera pas disponible en quantité voulue. “Une saison sèche”, pour reprendre les propos d’un vieillard qui en parle avec beaucoup de déception. Cette année, la saison sera écourtée, la récolte sera des plus mauvaises en ce qui concerne mes champs en tout cas, pourtant, nous avons pris l’habitude de consommer l’huile en grande quantité. Nous devons nous adapter à cette situation en attendant la prochaine récolte qui sera normalement bonne, car d’habitude, après une saison de vache maigre, viendra inévitablement une meilleure récolte.

Un autre oléiculteur nous apprendra : “Je ne possède que quelques oliviers mais j’ai remarqué que cette année, je serais contraint de fouiller dans mon porte-feuille si je veux avoir l’huile d’olive sur ma table. L’année passée avec l’aide de ma femme et de mes enfants, nous avons réussi à engranger 12 quintaux d’olives, cette année je n’ai pu ramasser que deux (02) quintaux. C’est vous dire l’ampleur du manque. La campagne oléicole de la saison écoulée s’est étalée jusqu’au début du printemps ; cette année, une petite semaine a suffi”.

En effet, à la même période de la saison précédente, les huileries affichaient “complet” et les moteurs tournaient de jour comme de nuit. A présent, aucun moteur ne ronfle et les différentes huileries de Maâtkas sont désertées, hormis quelques sacs entreposés dans les “ariche”, le vide et le froid font régner une ambiance desuète qui prête surtout aux appréhensions et au pessimisme. Le prix du litre d’huile qui avoisine actuellement 500 DA risque de grimper davantage. Avec la cherté de la vie et les multiples hausses que connaissent les produits de large consommation, les citoyens de Kabylie se priveront également des bienfaits et des vertus de l’huile d’olive.

Dda Mouh, un homme qui frise la soixantaine, et retraité de son état, nous fera remarquer : “L’huile d’olive est le seul produit énérgisant et curatif que nous, Kabyles, consommons. Hélas, cette année, il faut consommer avec plus de modération. Il ne manquait plus que cela ! A force de serrer la ceinture toujours plus, nos yeux vont finir par sortir de leurs globes”. Hé oui ! Comme si toutes les hausses ne suffisaient pas à nous affamer, vient s’ajouter la rareté de l’huile d’olive et de sa cherté. Il ne manquait plus que cela ! Un malheur ne vient jamais seul.

Hocine T.

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