Pour ainsi dire, ces syndicats évoquent des sujets beaucoup plus politiques et techniques que leur demande initiale. La sortie, non attendue de Adel Abderrezak, enseignant universitaire, membre de la Commission nationale de réforme du système éducatif, lors d’une table ronde organisée par le CLA à Alger, renseigne sur d’abord la maturité du mouvement syndical algérien, un mouvement qui s’est constitué en dehors de la Centrale syndicale, puis sur l’intérêt de ces syndicalistes à la situation de leur secteur qu’ils prennent décidément comme un ensemble.
Au-delà des revendications socioprofessionnelles, le fait d’aborder des questions liées à la réforme du système éducatif relève d’une prise de conscience de la part des syndicalistes.
L’aveu de Adel Abderrezak, membre de la Commission nationale de la réforme du secteur de l’éducation à propos des contraintes et obstacles politiques et forcément idéologiques qui ont bloqué la réforme d’un aussi important chantier est gravissime, vu l’importance capitale de l’éducation. Ainsi, il a affirmé que “les décisions prises par la commission de réforme du système éducatif, n’ont pas été adoptées telles qu’elles sont”. Une déclaration lourde de sens dans la mesure où ceux qui étaient désignés pour veiller à l’application des orientations de la commission ont failli à leur mission, ou, d’un autre point de vue, ces mêmes orientations ne répondent pas aux projets “politiques” engagés pour ce secteur. L’école algérienne, longtemps coincée dans une orientation idéologique et dont “les bourgeons” ont éclaté vers la fin des années 1980, avec le lot de terreur islamiste qu’a produit notre système éducatif, demeure au jour d’aujourd’hui otage de considérations du même type, même si des velléités de réformes ont été engagées. Cela dit, tous les ratages de notre école en matière de science et de technologie, se mesurent à l’incapacité de nos écoles, universités notamment d’être classées dans les différents classements des meilleures écoles ou universités, même à l’échelle continentale. Tout ce substrat idéologique et politique qui immobilise l’école algérienne et la réduit à une simple machine de fabrication de “citoyens” idéologiquement orientés vers l’arabo-islamisme, a fait que toutes les réformes engagées n’ont pas vu le jour sur le terrain de l’application.
Les islamistes qui s’opposent avec acharnement à toute réforme quelle qu’elle soit savent tout le confort qu’elle leur procure. Elle leur sert de réservoir idéologique pour leur mouvement intégriste. Toutes ces approches politiques que l’on calque à l’école doivent cesser.
Même celles consistant à introduire des filières dites techniques avec le système LMD afin de répondre aux besoins du marché du travail ne doivent pas être une priorité devant la connaissance et la science. Si l’école demeure un miroir qui “réfléchit” les orientations politiques de chaque pays, la nôtre aura plusieurs images à refléter.
A commencer d’abord par celle d’une économie de marché menée par ceux qui ont applaudi le socialisme des années 1970-80.
La politisation de l’école sert les intérêts politiques du moment, mais jamais ceux des générations futures. Donc, à quand une école de savoir ?
M. Mouloudj