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Branle-bas politique et social, couronnement sportif et chambardement économique

Néanmoins, l’Algérie a vaincu diplomatiquement et sportivement. Les échecs répétés de nos politiques ont été masqués par la qualification de l’équipe nationale au Mondial sud-africain qui a rendu le sourire aux Algériens et a fait oublier leurs malheurs, une odyssée qui restera gravée dans les mémoires de tous les Algériens. En analysant bien l’année 2009 en Algérie, on peut d’ores et déjà en conclure qu’elle ne ressemble en rien à 2008, et ce, sous divers angles et sur plusieurs fronts : économique, social, politique, culturel, sportif et surtout sécuritaire. L’aspect que revêt cette année peut se définir objectivement par un rapport positif et négatif à la fois, et il va sans dire que les plus pessimistes diront que rien n’a changé par rapport à l’année précédente, mais en définissant bien les choses, on peut en déduire que les faits ne sont guère les mêmes. Tout d’abord sur le plan politique, où deux partis forts de l’alliance présidentielle ont et continuent de traverser des moments délicats, sous l’œil de lynx du parti d’Ouyahia qui en a tiré le plus grand bénéfice, notamment son soutien indéfectible au président Bouteflika. Pour le MSP, c’est une guerre de leadership à qui il a fait face, entre deux protagonistes, se soldant par une déchirure, où les partisans de Menasra ont créé un nouveau parti, cette déchirure s’est traduite aussi par le retrait de Bouguerra Soltani du gouvernement, une sorte de chantage de la part de ses partisans. Côté FLN qui perd le nord, en affirmant haut et fort que Bouteflika est le président du parti, c’est la douche froide, quand l’intéressé déclare n’appartenir à aucun camp. Et le congrès du FLN a confirmé la donne, où l’absence d’alternance et de consensus enfonce de plus en plus l’ex-parti unique, au grand bonheur du RND qui a fait alliance ave le PT. En 2009, l’opposition a rasé les murs : boycott, gel des activités et absence d’idées et d’implication dans des sujets cruciaux, notamment sur le front social, et ce sont les syndicats qui ont fait une entrée fracassante et pris le relais. Sur les plan économique et social, le gouvernement peut plaider coupable, en instaurant des mesures radicales figurant dans la LFC 2009, avec la suppression du crédit d’achat, qui a fait mal aux Algériens, additionnées aux différents scandales financiers à l’instar du projet de l’autoroute Est-Ouest qui a soulevé de vives polémiques poussant même Bouteflika à interpeller son ministre. Pour ce qui est des investisseurs étrangers, ils ont été soumis à un régime spécial qui les a pénalisés, d’où plusieurs visites en Algérie des opérateurs économiques étrangers qui ont rencontré Ahmed Ouyahia. L’augmentation du SNMG de 25 % ne semble pas apaiser les esprits, insuffisante et modeste si on conjugue avec la flambée des prix des produits de première nécessité. Néanmoins, les Algériens ont reconduit Bouteflika pour un troisième mandat avec une victoire historique et écrasante de

90 % des suffrages exprimés, en l’absence de candidats crédibles, que d’aucuns ont qualifiés de « lièvres ». Néanmoins, d’énormes retards ont été enregistrés dans l’exécution du plan quinquennal 2004-2009 que ce soit dans le secteur de Noureddine Moussa, de Amar Ghoul, ou d’Abdelmalek Sellal, ce qui n’a pas empêché le Président de reconduire la même équipe gouvernementale où le titre de chef du gouvernement a laissé place à la casquette de Premier ministre. Le front social a connu lui aussi énormément de turbulences, des émeutes qui ont éclaté sur tout le territoire national, d’Alger avec les manifestations entre autres de Diar Echems, à Ghardaïa, et de Chlef à El Tarf. Sur le plan sécuritaire, c’est l’accalmie concernant les attentats à la bombe, au niveau de la capitale, hormis la Kabylie qui a connu des actes terroristes récurrents ainsi que la région de Médéa qui a été touchée elle aussi et l’Est du pays qui a renoué avec les attentats. Exception faite de la région du Sahel, l’organisation de Droukdel a reçu des coups fatals et traverse une situation des plus ardues. Cela a poussé les terroristes à verser dans une toute autre activité pour financer l’organisation, les kidnappings, notamment dans la région de la Kabylie, les rapts et l’enlèvement des touristes étrangers dans la région du Sahel. Leur libération est tributaire du payement de fortes rançons. Côté santé, la pandémie de la grippe A qui a tué plus de 43 personnes reste parmi les faits les plus remarquables de cette année, un virus inconnu qui a touché de plein fouet l’Algérie à l’instar de plusieurs régions de la planète. Sur le plan culturel, le fait marquant est sans conteste, « Alger, capitale de la culture africaine » qui s’est déroulé du 4 au 20 juillet dernier, une manifestation qui a regroupé plusieurs pays et diverses cultures pendant 15 jours. Mais le fait qui a déchaîné les foules en 2009 reste incontestablement la qualification de l’équipe nationale au Mondial de l’Afrique du Sud après une empoignade historique face à l’Egypte, agressions des joueurs, et match sous haute tension au Caire qui se sont traduits par une tension diplomatique entre les deux pays. La politique s’est mélangée au sport créant une situation des plus étranges. L’Algérie a perdu sur le plan diplomatique en laissant l’équipe nationale jouer le match qui s’est soldé par une défaite Néanmoins, les Verts se sont qualifiés au Soudan dans un stade qui restera mythique. Le président est intervenu personnellement pour transférer les supporters, à l’instar de son homologue égyptien, mais les victoires diplomatique et sportives sont revenues à l’Algérie. La furia populaire est similaire à celle de l’indépendance, où l’Algérie a vécu pendant presque un mois dans la fête. Petits et grands, filles et garçons sont sorti accueillir les joueurs, historique.

Hacène Merbouti

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