La mendicité dans toutes ses formes

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L’endroit est la petite ruelle qui longe l’hôpital et qui donne accès à l’arrêt des fourgons. Elles, ce sont deux jeunes filles plutôt bien habillées et bien nourries d’après leur teint : la première qui n’a pas encore trente ans, tient dans son giron un enfant de deux ans d’après elle, mais qui parait beaucoup moins, raconte qu’elle vient de la région d’Akbou.

La pièce de 50 DA qu’on lui a glissée dans la main a délié sa langue pour un moment, avant de se raviser en se rendant compte qu’on voulait en savoir plus sur les raisons qui l’ont conduite à la mendicité, elle baisse la tête et se mura dans le silence, mais une fois l’émotion évoquée par la vue du bébé dont le visage est violacé par le froid surmonté, l’on se rend compte que la jeune femme est plutôt belle et de plus, ils sont tous les deux, elle et l’enfant, d’une propreté impeccable, un tableau qui contraste avec ce métier de mendiante, telles que seraient son endurance et sa force de caractère, cette jeune malheureuse qui donne la nette impression d’être une débutante, ne résistera pas longtemps à la convoitise des charognards qui profitent de ce genre de proie facile pour assouvir leurs désirs bestiaux, c’est une question de jours, étant récemment arrivée en ces lieux, elle n’est pas encore repérée, ce qui ne saurait tarder. La deuxième mendiante qui doit avoir le même âge que la première et qui serre contre elle deux bébés, semblent avoir moins d’une année dans la mendicité, s’éclipse dès qu’elle remarque l’arrêt qu’on a marqué devant la première mais pas suffisamment rapide, ce qui nous permet de constater que les deux nourrissons qu’elle tenait et qu’elle fait passer pour des jumeaux, ne se ressemblent vraiment pas beaucoup. L’un blond joufflu, paraissant en bonne santé et l’autre plutôt chétif, brun avec un long visage en lame de couteau. Ne voulant pas l’effaroucher davantage, nous détournons la tête, feignant l’ignorer, elle s’engouffra précipitamment dans le premier fourgon en partance vers Tazmalt. Quelles que soient les raisons qui ont poussé ces jeunes filles à la mendicité, et vu les conditions climatiques de ces journées d’hiver, elles exposent ces enfants à un danger réel en les soumettant à longueur de journée à des températures qui descendent souvent sous la barre de 10°, d’où la nécessité absolue d’une intervention des pouvoirs publics pour mettre fin à ce comportement vicieux ou inconscients de ces jeunes filles. Si elles sont réellement dans le besoin, leur cas doit être soumis aux services de la Protection sociale pour leur prise en charge, si par contre ces enfants sont exploités pour soutirer de l’argent aux passants, ces filles qui sont adultes, doivent répondre de leurs actes devant le justice.

A noter qu’en plus de ces filles, cette ruelle grouille de mendiants en totalité étrangers à la région de M’chedallah, et dont la majorité sont des femmes âgées ou des hommes handicapés.

Depuis deux mois environs, une autre catégorie de mendiants a fait son apparition dans la région. Ce sont des hommes dont l’âge varie entre 30 et 50 ans et qui sillonnent les rues de la ville de M’chedallah et harcèlent les passants pour se faire payer un sac de semoule. Des âmes charitables cèdent aux lamentations de ces comédiens en les accompagnant chez les dépositaires de semoule pour leur payer un sac ; certains dépositaires qui ont requis l’anonymat, affirment que dès que le citoyen apitoyé tourne les talons, le prétendu mendiant refuse de prendre l’aumône en nature (semoule) mais insiste à récupérer l’équivalent en argent.

Oulaid Soualah

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