La première décennie du vingtième siècle tire sa révérence, les années se succèdent, la courbe ascendante des prix ne cesse de battre chaque jour de nouveaux records dans sa course folle vers des hauteurs vertigineuses et des sommets au-delà de l’Everest, jusqu’ici inconnus des explorateurs, mettant les produits de première nécessité hors de pour la plupart des habitants de la vallée de la Soummam.
De facto leur pouvoir d’achat est allé de mal en pis, en se rétrécissant misérablement, telle la peau du chagrin, cédant place à l’hégémonique misère qui se dévoila sans pudeur au grand jour et déployant ses ailes pour toucher de nouvelles familles et faire davantage de candidats à la descente aux enfers. 2009 était, il faut le dire, l’une des pires années en terme de cherté de la vie et synonyme de souffrances pour beaucoup de familles parmi les classes moyenne et pauvre.
Si le début de l’année était plat et un peu calme donnant du répit aux pauvres pères de familles, l’été était des plus chauds, du côté des prix à la consommation, bien sûr, il faut dire que chaque arrivée de nos émigrés avec leurs portes monnaies crachant des euros à gogo, n’est malheureusement pas dans l’intérêt des nationaux qui trouvent toutes les peines du monde à joindre les deux bouts du mois, tellement les prix s’envolent et les bourses s’affolent. Passé cette période, un vent de fraîcheur a soufflé momentanément sur la vallée et les hauteurs comme partout ailleurs dans les quatre coins du pays. En effet, l’immense joie qui a suivi la victoire historique de l’équipe nationale de football sur les pharaons, dans le cadre des éliminatoires jumelée à la coupe d’Afrique en Angola et la coupe du monde au pays de Mandela, a mis du boom dans les cœurs des citoyens de la Soummam leur faisant oublier les séquelles de la rentrée scolaire et du ramadhan, en somme la dure réalité de leur quotidien, malheureusement cela n’était qu’un sursis en attendant les fêtes de fin d’année.
Donc, après le Ramadhan et les deux fêtes de l’Aïd, c’est au tour de l’Achoura, Noël pour certains et le réveillon pour tout le monde ou presque, de venir ajouter leurs lots de dépenses effrénés et dans la plupart du temps inutiles, à côté du loyer, du gaz naturel quand on est branché, de l’eau même si celle-ci est la plupart du temps rationnée et d’une fracture d’électricité de plus en plus salés. Il faut dire que jusqu’à présent on n’a parlé que de choses superflues que sont les fêtes, car la vérité qui fâche est ailleurs, sur les étagères des magasins d’alimentation générale, ceux de l’habillement et sur les étals des marchands de fruits et légumes et autres bouchers, dans les souks, étant donné que ces endroits sont devenus de vrais coupe-gorges et lieux de torture morale pour les pauvres pères de familles, qui ne savent pas à quel Saint se vouer.
Finalement, souhaitant que l’année 2010 apportera du réconfort à nos citoyens, ceux de seconde zone notamment pour qui, les souffrances ne sont ni un choix, ni une joie mais le résultat de l’indifférence et de l’égarement d’une société gagnée par l’individualisme, l’égoïsme, la médiocrité, la vanité et l’hypocrisie maladive, qui rendent ses sujets, de simples esclaves de la matière et de leurs intérêts personnels, chose qui les opposent de facto à la vérité.
Arezki Toufouti
