Le football, ce sport roi n’est pas seulement l’apanage des supporters ou des téléspectateurs, mais même les politiques le placent sur un piédestal, qu’aucun autre sport ne peut rivaliser. Pour ainsi dire, tous les regards sont braqués vers les stades de foot, même si d’autres disciplines méritent un minimum de considération. Cet amalgame ne se pose pas uniquement en Algérie, mais c’est un phénomène mondial qui, surtout à l’approche des grandes compétitions internationales, relègue, on ne peut plus méprisant, les autres sports au second plan, voire à des disciplines insignifiantes. Cela dit, l’aura dont jouit le football parmi les jeunes ne peut, en aucun cas, pousser les responsables politiques en charge du dossier sports à se concentrer uniquement sur la balle ronde, en lui consacrant, hormis une haute estime, la part du lion des budgets alloués à ce secteur.
Quand bien même le foot fait marcher la machine à sous, via la pub, les retransmissions, les entrées aux stades, les transferts de joueurs, l’info…, il n’en demeure pas moins que si les autres sports ont bénéficié d’autant d’attention, ils pourront à la limite susciter autant d’engouement et d’intérêt. Sur le plan de l’adhésion des foules, le football est devenu, à force de manier cet outil, un nouvel opium des peuples. Des crises politiques aiguës peuvent surgir après un match de foot, vu l’importance que revêt ce sport pour haranguer les foules. L’exemple le plus probant est le “clash” entre l’Algérie et l’Egypte après la défaite des Pharaons à Khartoum et toute la machine médiatique mise en branle de part et d’autre.
Sur le plan des trophées remportés par les sportifs, l’on remarque qu’il suffit juste qu’un club de foot ou une équipe nationale de la même discipline réalise une bonne prestation pour voir ressurgir les nationalismes, les sponsors se bousculer pour apporter un soutien financier au onze, les médias faisant leurs choux gras, les problèmes internes remis aux lendemains…
Cette manière de valoriser, d’un côté, un sport au détriment des autres qui, pourtant aussi rêveurs que le foot, passent malheureusement inaperçus, a créé deux collèges. Le premier occupé par la balle ronde et le second par les autres disciplines qui se disputent le moindre intérêt que le public et les gouvernants leur accordent, juste par loisir ou simple passe-temps.
A force de concentrer tous les efforts dans cette discipline, les gérants de ce secteur, notamment dans les pays du Tiers-monde, ont brusquement altéré le caractère noble des sports. Affairisme, amateurisme dans la gestion le disputent à la gabegie et au gaspillage. Il suffit de voir l’opacité des lois régissant ce sport pour comprendre toute la malsaine situation dans laquelle baigne le sport roi, impliquant, de facto, toutes les autres disciplines.
M. Mouloudj