L’aérobic, entre passion et nécessité

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Il ne s’agit plus d’une mode, car les modes s’usent, mais d’une nouvelle manière de vivre en société, de vivre en harmonie avec son corps et son esprit. Chaque jour, à l’instar des mâles, elles sont de plus en plus nombreuses à étrenner un survêtement et des baskets assortis, un sac à dos en bandoulière et prennent le chemin d’une salle de sport, déterminées.

Elles, ce sont des femmes de toutes conditions, mais qui se trouvent intrinsèquement liées par une passion : l’aérobic. “Depuis 2004, l’affluence des femmes est de plus en plus grandissante”, affirme un gérant d’une salle au quartier dit Timezghrra. “D’une dizaine, elles sont passées à une trentaine actuellement. Il y a aussi une deuxième salle à Maâla (sur les hauteurs de la ville), qui ne désemplit pas”.

Durant deux heures, dans une ambiance bon enfant, le corps se consacre d’abord à l’échauffement puis graduellement aux mouvements divers. “Parmi ces sportives, il y a des lycéennes et aussi des mères de familles”, nous confie-t-on. “A cet effet, nous programmons les séances à 14 heures, ce qui arrange tout le monde”.

Récemment, dans un regain d’hygiène, les citoyens sont très soucieux et surtout exigeants envers leur santé — et quoi de plus normal ! Et l’ouverture des salles de sport se veut aussi un soulagement aux médecins qui trouvent où orienter leurs patients. “Oui, nous avons des cas où les médecins nous confient des malades atteint d’arthrose et autres diabétiques que nous prenons en charge”, dit le même gérant. “Elles viennent pour des séances de rééducation et d’autres pour la réduction de poids, car elles trouvent dans la salle une sorte d’auxiliaire hospitalier”.

De même, si bien qu’elle est entourée d’un silence assourdissant, la dictature de la minceur agit entre fatalité et résignation. Et les jeunes filles célibataires sont les plus touchées. “Elles sont reconnaissables à leur obsession à scotcher leur regard aux glaces latérales et surveillant leur ligne comme du lait sur le feu”.

K. N. fait partie de ces femmes qu’on dit rondes. Le regard enjoué et les pommettes irriguées de sang, elle tient à nous assurer que le sport l’a énormément aidée dans sa vie de couple. Avec un culot rare, elle avoue : “Avant le mariage, j’avais à 90 kg et après un mois d’effort, j’ai perdu 15 kg. C’est pas mal ! Aujourd’hui, je continue à perdre des graisses… Je me suis mariée et mon mari ne regarde plus les femmes dans la rue, comme avant”.

Danse, sport, forme, santé… Voilà une autre écuelle si transparente et qui reflète nos mœurs enfouies comme si la souplesse de nos esprits est manifestement liée à la ligne de nos consœurs, avec ou sans maquillage. Aussi, depuis que les hommes ne cachent plus leur angoisse à la vue de leur bedaine proéminente ou d’un dos voûté, ils se retrouvent désormais dans la même nasse que les femmes, à la recherche éperdue d’une même voie : le bonheur !

Diantre, qui a dit que les hommes et les femmes ne sont pas égaux ?

T. D.

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