Traditions, mythes et… superstitions

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Après cela, l’histoire aura retenu que le roi numide entrepris d’envahir la Palestine puis réunifiera l’Egypte en l’an 950 avant J.-C. avant de s’emparer de l’or et des trésors du temple de Salomon, qui fut un événement cité dans la Bible. Ce qui est, à retenir dans ce calendrier, c’est qu’il s’agit de la seule fête non musulmane que partagent tous les peuples de l’Afrique du Nord. Une fête qui donne lieu, dans chaque région, a des festivités divers et des repas spéciaux à l’instar de“imensi umenzu n’yennayer”, qui demeure un rassemblement familial sacré autour d’un dîner capricieux. Un rituel destiné à écarter la famine, augurer l’avenir, consacrer le changement et accueillir chaleureusement le Nouvel An. Aussi, le premier Yennayer suivant la naissance d’un garçon était (et il est encore dans certains villages) d’une grande importance. Le père effectue la première coupe de cheveux au nouveau-né et marque l’événement par l’achat d’une tête de bœuf. Ce rite est généralement répété lors de la première sortie du garçon au marché. Il est transposé, dans certaines localités berbérophones à la fête musulmane de l’Achoura.

Les mythes et les légendes

Pour les Kabyles “Amenzou n yennayer” détermine la fin des labours et marque le milieu du cycle humide. C’est également une vieille croyance qui fait que des forces invisibles s’invitent aux festins et dont il faut préserver la présence. Par ce fait, la croyance veut que le mois de yennayer est marqué par le retour sur terre des morts porteurs de la force de fécondité. Avant la fête, les femmes kabyles ne doivent pas porter de ceinture, symbole de fécondité. Pour l’occasion, la maison est méticuleusement nettoyée et embaumée car elle ne le sera plus pendant les trois jours suivants. Tous les gestes accomplis pendant la fête se font avec générosité et abondance. Les participants aux célébrations estimeront recevoir, par leurs bonnes actions, la bénédiction des forces invisibles. Par ce fait, Yennayer demeure un grand moment de convivialité familiale : le jour qui précède Yennayer, reste le plus important. On y prépare différents mets, et on se souhaite tous les vœux de prospérité (car Yennayer symbolise la longévité). Ainsi, pour espérer une bonne nouvelle année, le rituel veut que la maîtresse de maison nettoie tous les recoins de la maison et balaye toutes les pièces pour chasser “tamghart n gar aseggwas” (l’épouse de la mauvaise année) qui est symbolisée par la misère. Le sacrifice d’un animal “asfel” est de rigueur car cela symbolise l’expulsion des forces et des esprits maléfiques. On prie alors les forces divines pour assurer une saison féconde. Lors de la fête, on a également tendance à faire intervenir des personnages tel que “teryel” l’ogresse ou “thamghart” et on menace les enfants qui refusent de manger.

Le maîtresse de maison s’occupait aussi de mettre un peu de nourriture dans le “azetta”, dans la meule domestique “tissirt” et dans le “kannun” car ces objets étaient importants dans le quotidien des Kabyles, plutôt plus enclins à la vie rurale.

Ahmed Benabi

Sources :

Encyclopédie universalis (France 1989)

Jean Servier :

“Traditions et civilisations berbères” – Edition Rocher, 1985

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