Les blouses blanches empêchées de sortir dans la rue

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Chose promise, chose due. Les deux syndicats de la santé, à savoir le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et celui des spécialistes de la santé publique (SNPSSP) qui ont, à maintes reprises, menacé de radicaliser leur mouvement de protestation, ont organisé hier un large rassemblement. Les groupes parlementaires du PT et du MSP et le président du Conseil de l’ordre des médecins ont pris part à ce sit-in. Ces derniers ont été tous unanimes à demander l’intervention du président de la République. Effectivement, pas moins de 2 000 praticiens généralistes, spécialistes, chirurgiens-dentistes, et pharmaciens ont répondu favorablement à l’appel de leurs organisations. Venus de différentes wilayas du pays, notamment Béjaïa, Bouira, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Blida…, les praticiens qui ont fait le tour du CHU, ont finalement décidé de sortir dans la rue. Un impressionnant dispositif a été mis en place pour boucler les deux accès de l’hôpital. Les brigades anti-émeute ont empêché les praticiens grévistes de sortir dans la rue sous prétexte qu’ils gêneront la circulation.

Les meneurs de la protestation n’ont pas cessé de rappeler que leur action est “pacifique, ne compte nullement porter atteinte à l’ordre public ni gêner la circulation, en vain”.

Les forces de l’ordre, qui ont reçu l’ordre de ne pas laisser les protestataires sortir dans la rue ont demeuré intransigeantes. Mais rien n’est perdu pour les praticiens de la santé publique, qui menacent d’aller jusqu’au bout. C’est-à-dire sortir dans la rue. Las d’attendre une oreille attentive à leurs doléances, les protestataires, les pancartes à la main, scandaient “Où va la santé ?”, “Praticiens en colère”, “Nous sommes praticiens généralistes et non pas des terroristes”, “Nous sommes praticiens, et non pas des chiens”. Non satisfaits, en outre, de la réaction du ministre de la Santé, qui au lieu d’ouvrir un dialogue serein, parle de la création d’un syndicat national des médecins généralistes pour casser leurs mouvements (SNGM), ces deux syndicats veulent aller plus loin et se disent déterminés à aller jusqu’au bout de leurs revendications. Ceci laisse entendre que ces entités syndicales, loin de baisser les bras, vont plutôt revenir à la charge, et même intensifier, voire radicaliser leurs actions. “Devant le marasme social, non seulement les pouvoirs publics campent sur leurs positions et refusent de céder, mais aussi ils répugnent à entendre un quelconque autre son de cloche”, a pesté le président du SNPSP, le docteur Lies Merabet.

Toutefois, une question se pose : les pouvoirs publics vont-ils répondre aux revendications des élites du pays en prenant en considération le poids réel ou supposé de ces organisations syndicales ? Ou alors continueront-ils à persister dans un silence de mort ? En tout état de cause, cette situation de statu quo de se prolonger davantage et de mener la situation vers une véritable impasse. Il est clair qu’un dialogue serein et concret s’impose. Il est plus que nécessaire, il est même indispensable.

Lemya Ouchenir

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