Sortez soulagés !

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Inconcevable ce qui se passe à Sidi Aïch ! Une ville parmi les plus anciennes d’Algérie, construite à la française, avec des ponts enjambant la rivière de la Soummam, enserrée par une ou deux collines, elle est très célèbre par son marché hebdomadaire, réputée pour ses huiles ; beaucoup de voyageurs y font souvent escale. Actuellement, les “quatre” ailes de cette charmante ville s’étalent à ne plus trouver d’espace où ajouter une maison de plus. Sa population avoisine les 30 000 habitants. “A Sidi Aïch, demandes et tu trouves”, dit une maxime locale d’il y a quelques décennies. Mais depuis, beaucoup d’eaux ont coulé sous ses ponts et des services les plus élémentaires sont inexistants !

Outre l’architecture de l’agglomération rendue hideuse à force de constructions tentaculaires, les quatre coins de la ville gisent dans une saleté innommable.

Devenue par la force des circonstances et des humeurs un dépotoir à ciel ouvert où les cartons, les sachets, les ordures, les excréments s’entassent dans une indifférence qui laisse pantois plus d’un, et cependant, cette situation va de pire en pis.

Jadis, des toilettes publiques étaient disponibles à l’entrée du square du centre-ville. Puis, des travaux d’aménagement du jardin avaient rasé ce “lieu” et la mairie avait aménagé des toilettes du côté du marché et aussitôt fermée pour cause d’insalubrité et de manque de civisme.

“Actuellement, il n’y a nulle part où se soulager”, révèle un citoyen harcelé par une salve intestinale. “Sinon, il faut se mettre à l’abri des regards pour se soulager”.

Cette situation pour le moins désobligeante est à juste titre agaçante outre mesure. “L’absence de toilettes publiques est un facteur accélérateur de l’insalubrité et pousse à la délinquance hygiénique !”, révèle un commerçant. Ceci dit, un sexagénaire à un autre avis : “Vous connaissez le dilemme de la poule et de l’œuf ? Si on n’ a pas de toilettes publiques, on pleurniche et on va déféquer dans chaque recoin pour peu que la discrétion soit assurée. Si toilettes il y en a, nos actes de vandalisme constituent une menace pour ces lieux et ruinent un précieux bien commun ! Le nœud gordien, c’est l’éducation ; on est mal éduqué tout court et je vous prie Monsieur de le rapporter ainsi dans votre journal !”.

Ce que l’on semble oublier, sinon ignorer, c’est qu’un service payant doit échapper à tout marchandage de quelque nature que ce soit. Sinon, à quoi servent les amendes ? Et même si les hommes arrivent à se “dépanner” dans les toilettes d’un café, avec un air de consentement bien consommé, a-t-on pensé, une seconde, aux cas de nos consœurs lorsqu’elles sont surprises par un besoin de cette nature dans un moment et un environnement guère propices ? En attendant du nouveau et du meilleur, les bipèdes imitent lugubrement les “quatre pattes” !

T. D.

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