»Un peuple d’artistes habite Haïti » André Malraux

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La beauté de cette île a inspiré beaucoup d’artistes étrangers et haïtiens.

Le séisme effroyable qui a ravagé le pays n’a pas laissé indifférent l’un de ses artistes les plus connus dans le monde. Il a pour mission de distribuer de la nourriture et d’organiser des activités pour les jeunes des quartiers défavorisés de Port- au -Prince. Wyclef Jean est né le 17 octobre 1972 à Croix des Bouquets en Haïti. A 10 ans il émigre avec sa famille au états- unis où il apprend à jouer de la guitare et étudier le jazz. Il créé son propre groupe, multiplie des titres à succès et devient célèbre. Il a, en 2005, fondé l’organisation « Yélé Haiti » pour venir en aide à la population de son pays. Ce chanteur de reggae et de rap est devenu le porte parole des causes haïtiennes dans le monde. Pendant le terrible séisme qui a secoué son pays, il était sur le terrain pour apporter son secours au milieu des décombres. Il a usé de tous les moyens de communication pour faire entendre sa voix en faisant appel aux dons. Ses amis Angélina Jolie et Brad Pitt ont répondu présents avec un million de dollars à “Médecins sans frontières” pour l’envoi des chirurgiens et d’un hôpital sous tente gonflable.

Et Haïti chantait….

La musique chez les Haïtiens est une forme d expression artistique qui trouve ses origines au temps de l’esclavage à partir des rythmes et danses divers. C’est un instrument de communication élaboré par les esclaves pour revendiquer leurs racines, leurs identités et résister ainsi à l’aliénation culturelle. La musique haïtienne est le fruit d’un brassage culturel et d’influences africaines européennes et américaines avec la présence dominante des rythmes ancestrales rapportés d’Afrique comme une consolation sur le chemin qui le mènent vers des terres inconnues.

Les Haïtiens vivent de rythmes et de couleurs

Pour jouer le  » funana « , chant d’esclaves et de révolte, le nostalgique » sodate  » ou le  » pandjabel  » qui rythme la coupe de la canne à sucre ou encore le célèbre compas, musique de bal inspirée de la salsa brésilienne, toutes les occasions pour interpréter ces chants et danser, sont bonnes pour les Haïtiens qui ont le rythme dans la peau. Avec la guitare, l’accordéon ou le violon, le verre que l’on frappe avec un couteau jusqu’à la boite d’allumettes remplie de sable, on se rassemble dans n’importe quel endroit, en fin de semaine, pour faire la fête. De la plus lente à la plus rapide des musiques, les Haïtiens se déhanchent au son de la  » funana « , la  » morna  » ou le batuka. Chaque musique exprime l’amour, la mélancolie ou la fête populaire. Les Haïtiens ont une profonde connaissance des styles ; c’est ainsi qu’ils perpétuent la tradition musicale qui est leur transmise par leur ancêtres à travers la culture vodou. Le vodou plus qu’un rite est considéré comme une religion qui célèbre  » legba « , le maître des portes qui garde le passage des dieux et celui des humains. Il est assimilé à Saint Pierre qui détient les clés du paradis et de l’enfer. Les cérémonies vodou fascinent par leurs rituels magiques et leurs danses effrénées. C’est le viatique que les esclaves ont emporté avec eux dans leur exil, pour rester attachés à leurs croyances et traditions. Parmi les artistes qui pratiquent le vodou, les membres du groupe  » racine Mapou  » revendiquent la préservation de leur attachement aux racines et prônent un retour en Afrique. C’est le groupe de musique traditionnelle le plus populaire.Le chanteur du groupe, Azor, désire maintenir le contact avec la tradition et le sacré ; avec ses six (6) percussionnistes et un chœur de femmes, il célèbre le culte vodou en chantant sans arrangement ni instruments électriques. Il a réussi à faire connaître sa musique au grand public.

La peinture haïtienne, les couleurs pour conjurer la misère

La peinture haïtienne est imprégnée de spiritualité lié au culte vodou.C’est un monde magique où se côtoient l’imaginaire, les esprits, les animaux, la nature et la vie quotidienne. Tout le monde peint à Haïti et c’est grâce à cet art que survit une partie de la population. La peinture haïtienne s’est imposée par sa naïveté et sa simplicité.

L a parole interdite s’exprime à coup de couleurs et de lumière, elle trouve son chemin dans le cœur et l’inspiration des gens. Toute la misère d’un peuple est voilée par une harmonie visuelle née des tons qui enchantent. Intenses et chargées de lumière, elles entretiennent l’enthousiasme et l’illusion. Le métissage des styles,le renouvellement incessant des formes,la plénitude qui s’en dégage,les branches tordues par le vent,les scènes animées du marché,les vapeurs qui montent de la mer,l’éclat de la nature,la sensualité,la liberté,le bonheur qui y reflète, sont le miroir de la joie de vivre qui anime chaque Haïtien et l’espoir qu’il entretient avec ce pouvoir d’éclabousser la misère au moyen d’une boule de soleil et du bleu de la mer.

La vivacité des teintes est une tonne d’optimisme et de douceur. La peinture naïve, art populaire crée hors des normes académiques œuvre des pauvres, des paysans et des chômeurs et qui défie l’exclusion par la couleur, est aujourd’hui très recherchée par les spécialistes de la peinture du monde entier. En effet, c’est dans les années 40 que les Américains ont commencé à être impressionnés par cet art naïf avec l’arrivée en Haïti d’un professeur d’anglais peintre et fils de peintre. Dewitt Peters rencontre plusieurs artistes haïtiens et décide avec eux de fonder un « Centre d’art » destiné à enseigner et faire connaître l’art pictural haïtien. En 1970, deux intellectuels haïtiens, Maud Robart et Jean Claude Garoute dit Tiga achètent un terrain dans la montagne et y construisent un atelier. Ils invitent les ouvriers et paysans du coin et mettent à leur disposition le nécessaire pour peindre.

Le résultat est impressionnant. Saint soleil est né. De passage à Haïti, André Malraux rendit visite à ces artistes autodidactes. Il écrit dans son ouvrage « l’Intemporel » un chapitre qui a fait le tour du monde et dans lequel il dit : « un peuple d’artistes habite Haïti » et aussi « l’expérience la plus saisissante de la peinture magique du 20e siècle ».

Haïti chérie

Les premières salles de cinéma a Haïti ont été créees à Port-au-Prince.

Si la première projection a bien eu lieu, le 14 décembre 1899, quatre ans après la naissance du cinéma, on attendra les années 50 et 60 pour enfin voir des acteurs haïtiens sur le grand écran.Ces films traitent des conditions difficiles de la population, ils témoignent, presque tous, de la vie quotidienne de ce peuple avec son chapelet de misères. Raoul Peck est l’un des réalisateurs haïtiens les plus connus. Il a réalisé entre autres « L’homme sur les quais » qui raconte Haiti dans la terreur et la tourmente des tontons macoutes dans les années 60, « Lumumba » un film sur le père de l’indépendance congolaise et « Quelques jours en Avril » une fiction qui raconte le terrible génocide rwandais. Le dernier très poignant film,  » Haïti chérie « ,est sorti le 28 mai 2008 est réalisé par l’italien Claudio Del Punta.Il raconte le drame des milliers d’haïtiens travailleurs clandestins quittant leur pays pour fuir la violence politique et économique de leur pays. Ils s’entassent dans des bidonvilles en république dominicaine. Ces  » braceros  » exploités, trahis et violentés vivent dans des conditions choquantes. Ce film rend compte de la misère vécue par une partie de la population haïtienne pour que l’autre vive dans la quiétude et l’opulence au regard d’un tourisme florissant.

Haïti la meurtrie, Haïti la belle, les esprits protègeront-ils les survivants ?

Les couleurs auront-elles raison de tes larmes ?

Les chants dansants arriveront-ils à bout de tes cris ?

Haïti chérie…

H. O.

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