Les sangliers pullulent et s’enhardissent

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On les rencontre partout dans les champs sur les chemins et sentiers et depuis quelques temps à proximité des agglomérations, le jour à l’intérieur des… cités, dès la nuit tombée ils sont attirés par les poubelles et les amoncellements d’ordures à la recherche des restes de nourriture.

Autre temps, autre mœurs. Jadis cet animal extrêmement farouche ne quitte jamais la forêt profonde en choisissant les lieux difficiles d’accès et ne quittant sa bauge que durant la nuit, en usant d’une extrême prudence, il ne s’aventure jamais loin de la lisière de la forêt où il s’engouffre à la moindre alerte, doté d’une ouïe et d’un flair extrêmement développés, il n’y a que les chasseurs expérimentés qui puissent l’approcher en se mettant à contre-sens du vent, de plus il utilise sa robe sombre pour un parfait camouflage en suivant dans son déplacement les itinéraires ombragés, ajouté à une marche silencieuse.

Il n’y a que sa forte odeur qui trahit sa présence. C’est cette odeur qui oriente les chiens de chasse pour le débusquer. Les nouveaux facteurs apparus durant ces 15 dernières années sont à l’origine de sa reproduction fulgurante, doublée de sa familiarisation avec les lieux habités. Le premier étant l’avènement du terrorisme et l’insécurité qui sont la cause de l’arrêt total des battues et l’abandon de la chasse du sanglier. Le 2e est une épidémie apparue durant la même période et qui a décimé ses deux uniques prédateurs, le chacal et l’hyène. Ces deux espèces sont à l’heure actuelle menacées de disparition. Les hurlements et jappements de jadis des chacals qui égayaient nos campagnes se font de plus en plus rares.

Quand au 3e facteur à l’origine du changement de comportement du sanglier, on trouve son explication dans les séries d’incendies qui ont causé des dégâts considérables dans son milieu naturel, obligeant le sanglier à s’adapter à un nouvel environnement sans tissu végétal, un environnement où la nourriture de cet animal se fait rare, c’est la faim qui le pousse à surmonter sa peur et aller chercher sa nourriture en se rapprochant des centres habités.

A l’heure actuelle, ni la présence humaine ni les bruits, encore moins la lumière ne lui font peur alors que, avant cette période, le moindre craquement de branches l’effrayait et le faisait fuir à toute allure.

Des citoyens assistent ahuris à partir des balcons, à des scènes qui confirment ce changement radical du comportement des sangliers. Non seulement ils circulent “tout à fait décontractés” à l’intérieur des cités après avoir chassé les chiens dès la nuit tombée, mieux encore, ils ont appris à renverser les poubelles, nullement effarouchés par les bruits qu’elles produisent en roulant. Les paysans ont abandonné le travail de la terre à cause de ces nuisibles bêtes qui se déplacent en hordes de 15 à 20 têtes. L’adulte pouvant atteindre le poids de 120 kg, ce sont pas moins de 30 kg de nourriture qu’il consomme chaque nuit. En plus de constituer un véritable fléau pour l’agriculture, cette masse de chaire et de muscles devient extrêmement dangereux pour l’homme, notamment en période d’accouchement, le mâle devient comme fou et charge sans avertir.

Pour la femelle, c’est durant les deux mois qui suivent la mise à bas ; elle n’hésite pas à foncer tête baissée droit sur quiconque oserait s’approcher des marcassins, en plus de son poids, le sanglier peut atteindre une vitesse de 60 km/h. Personne ne peut sortir indemne d’un télescopage avec ce mastodonte, rien que dans la région de M’chedallah, plusieurs citoyens gardent des séquelles handicapantes après une rencontre… musclée avec un sanglier.

Le geste salutaire à faire en cas de rencontre, c’est de lui céder le passage et se mettre derrière un obstacle ou monter sur un arbre. Surtout, éviter de l’affronter à mains nues, sachant que même une balle mal placée en dehors de l’épaule ou de la tête, n’arrive pas à l’arrêter.

Oulaid Soualah

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