L’université de Tizi-Ouzou en ébullition

Partager

Majoritairement constituée par les étudiants du campus du Tamda, la foule n’a pas cessé d’exprimer sa réprobation quant à la situation qualifiée de dramatique que connaît la communauté estudiantine à Tamda. “Les étudiants de Tamda en colère”, “Pour la satisfaction de nos revendications”, “Pour une véritable université” sont entre autres les slogans qui fusaient de la foule en grève depuis plus de 17 jours. Les étudiants de la wilaya des sciences sociales ne décolèrent toujours pas et comptent, selon les déclarations recueillies sur place au campus universitaire de Hasnaoua, aller “jusqu’au bout” de à leurs actions afin, disent-ils : “arrache nos droits”. “Les responsables n’ont même pas daigné répondre à un Smig de notre plateforme. Ils ont affiché un mépris en direction des étudiants. La sourde oreille de nos responsables nous encourage à aller de l’avant et persister dans notre mouvement de contestation jusqu’à satisfaction entière de nos revendications”, nous dit un étudiants en colère. Les étudiants dudit département ont décidé lors d’une assemblée générale le gel des examens des travaux dirigés durant la période des “pourpalers” avec l’administration.

Fermeture du département et… marche vers le rectorat !

Hier encore l’université de Tizi-Ouzou aura vécu l’une de ces journées les plus “chaudes”. La contestation estudiantine a repris de plus belle. Les nouveaux étudiants affectés vers le campus de Tamda semblent retenir la leçon de leurs prédécesseurs en s’organisant d’abord en comité autonome puis en abordant une période de “lutte syndicale”, traditions oblige… Comme disent les “anciens” de cet établissement. Pour une première, les étudiants de Tamda ont voulu marquer les esprits, vocifier leur colère à l’adresse des responsables du rectorat, crier leur “mal vie” dans ce campus et dénoncer la “hogra” dont ils se sentent victimes. L’action de protestation est partie du campus où les étudiants ont procédé à la fermeture du département des sciences sociales. Par la suite, une marche vers le rectorat et un rassemblement de protestation ont été organisés.

Un chapitre des revendications des étudiants englobe deux volets, social et pédagogique. On peut citer dans ce sillage la “reconversion de la langue des enseignants en langue française, la vulgarisation des spécialités de 3e année, l’ouverture d’une bibliothèque qui sera conditionnée par la qualité des ouvrages et l’ouverture d’une salle de lecture propre au département”, mais aussi l’ouverture d’une salle machine (informatique) et la dotation de l’intérêt. Les étudiants revendiquent également la vulgarisation du programme master qui a d’ailleurs constitué, au moment du lancement du système LMD, un argument de toile ayant aidé à faire avaler aux étudiants la pilule. Un étudiant nous dira à ce propos : “Maintenant, à chaque fois on nous évoque le problème du manque d’encadrement, c’est une aberration !” Les étudiants en colère nous ont évoqué certains agissements à l’intérieur du campus de Tamda qui menacent la sécurité et l’integrité des étudiants. Au chapitre social, l’un des membres du comité des étudiants nous fera savoir que pratiquement les revendications inhérentes au transport (amélioration de la flotte), à la restauration (ouverture d’un foyer équipé ou l’amélioration des menus) sont en voie de prise en charge”. “Il reste le volet pédagogique que les responsables ne veulent pas prendre en charge”, indique-t-on du côté des étudiants. Pour Samir, l’un des membres du Comité (CDSS), l’objectif est, au-delà de l’aspect revendicatif, est d’abord de se réapproprier la lutte syndicale, retrousser le niveau du débat et réhabiliter l’étudiant dans son statut le vrai ! Les étudiants du département des sciences sociales n’étaient hier pas les seules à sortir de leur réserve, leurs homologues informaticiens étaient hier de la partie. Une réunion les a d’ailleurs regroupés avec le premier responsable de l’université autour des revendications socio-pédagogiques. Quoi que l’on dise sur les incessantes mouvements de grève qui ont de tout temps caractérisé la vie à l’université de Tizi-Ouzou, il n’en demeure pas moins que cette vague de contestation a été jalonnée par une incroyable prise de conscience qui a d’ailleurs vu les syndicalistes de cette université prendre sur eux des revendications nationales jusqu’à y devenir l’avant-garde et l’élite du mouvement syndical. La résurgence de ces luttes qui sont, malgré tout, un bon signe d’une université en pleine mutation est-elle annonciatrice d’un renouveau de l’action syndicale et de la disparition des vieux démons de la corruption qui s’y sont greffés ? Seul l’avenir est capable de nous apporter des réponse wait and see !

Omar Zeghni

Partager