L’absence cruelle d’une bibliothèque municipale à Ighzer Amokrane est loin de décourager les bonnes volontés ; bien au contraire. Depuis sa création en 1988, l’Association culturelle “Idles” n’aura ménagé aucun effort pour ouvrir la voie et baliser le chemin du partage et de la convivialité enrichissants à la fois pour l’individu et pour la société.
Dans un large local loué auprès de la Maison de jeunes, l’Association “Idles” a amassé une richesse digne d’une tour de babel. Multipliant les contacts (avec l’Union européenne et la fondation de France notamment) et les efforts, d’année en année, ce sont une vingtaine d’ordinateurs qui sont mis à la disposition de la population, où le prix de la connexion internet est plafonné généreusement à 25 dinars !
Continuant dans sa lancée, “Idles” s’est offert le luxe de réunir une quantité considérable de livres à laisser les grandes bibliothèques envieuses !
Ce sont en effet, plus de 3000 ouvrages dont regorgent les rayonnages. Et il y en a pour tous les goûts, aux grands comme aux petits. Du roman à la nouvelle, de l’encyclopédie aux dictionnaires en quatre langues, de la bande dessinée à la poésie toutes sortes d’œuvres d’esprit et de savoir sont condensées au grand plaisir des adhérents.
La gérante de la salle, elle-même une salariée de l’association, précise : “La carte d’adhésion coûte 200 dinars pour les étudiants et autres écoliers. Pour les salariés, c’est 300 dinars par an”.
Lors d’une virée sur les lieux, nous avons constaté combien les citoyens sont attachés à la lecture, pour peu que des conditions raisonnables soient réunies : “Je suis à l’aise entre ces murs. ici, je respire le calme, la propreté est exemplaire, les livres sont disponibles à souhait, nous déclare gaiement un étudiant universitaire”.Actuellement, ce sont plus de 600 adhérents qui fréquentent assidûment cette salle, nous précise la gérante. A côté, les tables sont achalandées, et les discussions s’animent sur qui a écris quoi, dans une ambiance digne d’un café littéraire. En effet, un Jean Mouhoub Amrouche côtoie un Gérard de Villiers, un Albert Camus laisse la place à un Tahar Djaout, une Assia Djebbar se met dos à dos, un Jack London et autre Fiodor Dostoïevski ! Même les ouvrages introuvables sur le marché trouvent aisément leur place, remarquables aux couvertures plus ou moins usées et qui témoignent du nombre grandissant des mains posées dessus !
Cet antre ce qu’il y a de plus respectable souffre toutefois d’un isolement malvenu qui a malheureusement fait les yeux doux aux chasseurs de larcins. Ensuite, insécurité toujours, la gent féminine et les enfants ne voient pas d’un bon œil la fréquentation du périmètre du marché (où se trouve le local de l’association) à certaines heures de la journée. Sinon, d’adhérer à “Idles”, c’est nettement tout bénef !
Tarik Djerroud
