La schizophrénie est une maladie mentale chronique peu suivie en Algérie, même si le nombre d’Algériens qui souffrent de cette maladie est estimé à plus de 300 000 personnes, dont la quasi-totalité sont jeunes, selon le rapport des spécialistes en psychiatrie. Cette maladie définie comme une psychose qui se manifeste par la désintégration de la personnalité, et par la perte du contact avec la réalité, figure parmi les problèmes de santé publique. Les origines de cette maladie demeurent incertaines, mais la plupart des travaux récents des spécialistes établissent l’intervention de facteurs multiples. D’après les spécialistes algériens et français, en psychiatrie, qui ont tenu une rencontre sur les troubles psychotiques, les facteurs intervenant dans cette pathologie sont variés. Ils estiment que le côté biologique ou psychologique, voire les conditions sociologiques, peuvent interférer pour faire basculer l’individu dans la maladie.
De son côté, le psychiatre le docteur Amine Benyamina, exerçant à l’hôpital Paul Brousse à Paris, a évoqué d’autres facteurs liés à la consommation des narcotiques et des stupéfiants. L’alcoolisme, le tabagisme et la toxicomanie constituent selon ses propos, à côté de facteurs génétiques et environnementaux autant de causes de cette pseudo-démence. Ainsi, l’intervenant a fait savoir que le cannabis vient en tête de liste des drogues à l’origine de cette affection psychotique. A propos du tabagisme, le docteur Benyamina a souligné qu’il intervenait, mais à moindre degré par rapport aux consommateurs des stupéfiants. Ces derniers sont les plus exposés à cette maladie, même si cette relation n’ayant pas encore été définitivement établie.
Dans le cadre de la lutte contre cette maladie, le spécialiste participant à cette rencontre algéro-française a préconisé un diagnostic précoce de la psychose et de ses rapports avec la toxicomanie, tout en appelant à la mise en place d’un réseau de communication entre les professionnels de la santé et les malades. En recommandant par ailleurs, la prise en charge des aspects scientifiques pour permettre aux décideurs d’assurer le traitement et réduire le taux d’atteinte. D’autres intervenants ont relevé la mauvaise prise en charge des services de psychiatrie et le manque de personnel spécialisé. L’enquête menée à l’hôpital Drid Hocine d’Alger, l’année dernière fait ressortir que sur 572 malades hospitalisés, 267sont schizophrènes, soit un taux de 47 %. 90% des cas examinés ont entre 20 et 49 ans, dont un tiers sont des femmes. De son côté, le chef de service psychiatrie de l’hôpital de Chéraga (Alger), n’a pas omis de relever le progrès de la science qui devrait progresser en matière de prise en charge de la psychose. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Ces avancées n’ont pas été accompagnées d’initiatives thérapeutiques ciblées d’où le nombre croissant d’individus atteints de cette maladie.
A. Slimani