Il n’est plus question pour les praticiens généralistes et spécialistes de la santé publique de faire marche arrière. La détermination de ces derniers se renforce de plus en plus et leur colère devient plus vive suite à la déclaration du Premier ministre dans laquelle il a fustigé les animateurs du mouvement de grève dont “les revendications se réfèrent aux mirages du pétrole, au moment où cette ressource est en net recul”.
Le premier ministre, faut-il le rappeler, a qualifié les revendications de cette entité syndicale d’illusions, dès lors qu’elles se réfèrent au seul pétrole, et a accusé certains partis politiques qu’il n’a pas nommés d’être derrière ce mouvement de protestation.
“Nous ne sommes pas dans la manipulation politique, nous luttons dans le cadre socioprofessionnel”, a pesté le président du syndicat national des praticiens de la santé publique, le docteur Liès Mérabet. “Lorsque Ahmed Ouyahia parle de manipulation politique, il faudra qu’il apporte des preuves”, fulmine-t-il en réponse à la déclaration du Premier ministre. Et d’enchaîner : “Nos actions sont aussi nettes et propres que la couleur des blouses blanches que nous portons.” Même son de cloche chez le président du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), qui affirme que “nous sommes loin de la manipulation politique”. Celui-ci demande à cet effet, au Premier ministre d’“arrêter d’insulter l’élite et l’avenir de ce pays”.
“Nous disons au Premier ministre qui nous accuse de porter atteinte à la stabilisation du pays, que nous sommes mieux placés que quiconque pour parler du patriotisme et du nationalisme”, lance d’emblée le docteur Yousfi.
Tout en évoquant les cadres médecins envoyés en prison où plusieurs d’entre eux sont décédés, il y a 15 ans de cela, le docteur Mohamed Yousfi, dira que “le premier ministre est en train de faire la même erreur qu’il a faite, il y a une quinzaine d’années”. “S’il y a vraiment manipulation politique, c’est qu’il accuse aussi les groupes parlementaires qui sont dans l’alliance présidentielle qui nous ont soutenus”, a expliqué le docteur Yousfi qui ajoute que “s’il nous avait reçus, il n’aurait pas fait ces déclarations insultantes”.
De son côé, le docteur Mérabet s’est demandé “pourquoi ce qui a été accordé à d’autres départements ne s’est pas répercuté sur l’économie du pays, alors que ce que nous avons demandé a fait sortir le premier ministre de ses gonds, précisant que cela va mettre l’économie du pays en péril”. “Ce que nous demandons est nettement moins important que ce que les pouvoirs publics ont engagé pour le Panaf et l’équipe nationale”, a tonné le président du SNPSP. Ces deux syndicats ont été unanimes à affirmer que “la déclaration du premier ministre pousse la situation au pourrissement et ne fait que jeter de l’huile sur le feu”. Le docteur Mérabet a, dans ce contexte, indiqué que “le ministre de tutelle fait dans la contradiction flagrante”. “La tutelle nous a adressé un fax dans lequel elle nous demande de désigner deux représentants de notre organisation syndicale pour installer une commission le week-end et le jour de la tenue de notre conférence”, a souligné le président du SNPSP qui explique “que cet écrit est un alibi pour dire qu’il est toujours disposé au dialogue”. Plus que jamais déterminés à arracher leurs droits, les praticiens de la santé publique se donnent rendez-vous mercredi prochain, où ils comptent tenir un rassemblement devant le ministère de la Santé.
Lemya Ouchenir