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Une halte pour la mémoire à l’occasion du 40e jour de sa mort

Zineb Oudjeddi était une femme singulière. A l’instar de beaucoup de femmes kabyles, elle était une protectrice de la culture orale.

Le village Aït Sâada, situé dans la commune d’Akfadou, wilaya de Béjaïa, se souvient d’une grande femme morte à l’âge de 83 ans. En effet, un hommage lui sera rendu le vendredi 15 décembre à l’occasion du 40e jour de sa mort. La tombe de la défunte sera construite dans une ambiance familiale. Une opportunité pour rendre hommage à cette femme singulière, avec des gestes symboliques mais très signifiants. « Les filles, fils et petits fils de Zineb Oujdeddi, ainsi que ses proches vont rendre hommage à cette femme. Elle demeurera éternellement dans leurs pensées et leurs cœurs. Que Dieu, le tout puissant lui ouvre les portes du paradis », nous dit son fils Abdelkader, qui ne cache pas ses émotions. Le jeudi 3 décembre, vers 18 heures, Zineb Oudjeddi est décédée, suite à un AVC (accident vasculaire cérébrale), une maladie qui a cloué au lit la vieille femme 14 jours durant ; elle avait une hémiplégie droite et ne pouvait pas parler.

Na Zineb était une femme très cultivée et se distinguait par des qualités humaines très rares. Elle n’a jamais fait l’école mais connaissait énormément de choses de la culture orale kabyle. La vie était l’unique école pour elle. Sa mémoire archivait : Proverbes, contes, poésies, légendes, et bien d’autres trésors. Oudjeddi avait aussi un art si singulier qui consiste à interpréter les rêves. Les femmes du village At Sâada et des autres villages rapportaient leurs rêves à cette femme sage, dans l’espoir de décrypter les signes de ces songes. Na Zineb était aussi modeste généreuse et humaniste. Elle aidait les pauvres et semait la tolérance, l’amour et la fraternité.

Depuis une dizaine d’années, suite à des opérations chirurgicales sa santé se dégradait à peu à peu et ne pouvait quitter la maison, elle qui avait l’habitude de parcourir tous les villages limitrophes. Depuis, la chambre de cette femme au sourire intarissable est, désormais, un lieu de pèlerinage. Native en 1926, orpheline de mère, dès son jeune âge, elle goûtait à l’amertume de la vie, chose qui forgeait davantage sa personnalité et lui donnait une sensibilité inégalable. Son premier mariage fut une débâcle. Cependant, lors de son second mariage, elle découvre le grand amour et partage avec son mari les plus merveilleux moments de sa vie. Na Zineb était une blonde aux yeux verts et sa beauté était ensorcelante. Da Ahmed était un charmant jeune homme qui avait soif de la vie.

Il a passé beaucoup d’années en France, tout en gardant une relation solide avec sa femme et ses enfants. Durant la guerre de libération nationale, celui qu’on surnomme «chocolat» avait sauvé tout son village en transportant les gens des montagnes de l’Akfadou, vers Bouzaréah, à Alger, pour fuir l’injustice coloniale. La mort de cette femme débordante de chaleur humaine a plongé le village At Sâada et toute la commune d’Akfadou dans une tristesse profonde. Le vendredi 4 décembre, la femme inoubliable a eu droit à des funérailles dignes d’une grande femme. Les larmes ruisselants sur les visages, un monde fou était là pour dire adieu à un être aimé et témoigner reconnaissance à sa bonté. Na Zineb n’est pas morte, elle est cette fleur magique et éblouissante qui a pu donner le meilleur d’elle-même pour tout le monde. Son regard singulier, son sourire printanier sont indélébiles comme un astre brillant dans les cœurs des Ath Mansour.

T. D.

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