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Selon le président de la Chambre d’agriculture : «Le prix de la tomate n’est pas près de baisser»

La tomate, produit de première nécessité, connaît ces derniers temps une flambée des prix inégalée, variant dans certaines régions du pays entre 100 et 120 DA le kilo. Cette situation est due en premier lieu à la rareté des engrais ainsi que les semences dont le prix explose sur le marché mondial. Il suffit de faire un tour dans les marchés algérois pour confirmer la donne. Selon les commerçants, la flambée des prix «est due aux intermédiaires qui contrôlent le marché ainsi qu’à la baisse de la production».

De son côté, Mohamed Chérif Ould El Hocine, président de la Chambre nationale d’agriculture, a indiqué hier que «des mesures ont été prises pour faciliter aux agriculteurs l’accès aux engrais et aux semences dont les prix ont explosé sur le marché, d’où la baisse de production et la flambée des prix.» «Les producteurs ont perdu un tiers de leurs chiffres d’affaire dans cette affaire», ajoute-t-il pointant du doigt la Tunisie ainsi que le Maroc, accusés de pratiquer les importations informelles. Dans ce sens, Mohamed Chérif Ould El Hocine a indiqué que «les prix de la tomate n’est pas près de baisser si les choses continuent d’évoluer de cette manière». En effet, les producteurs de la tomate, notamment industrielle, accusent les importateurs qui asseoient leur monopole et dictent leurs lois en favorisant les produits tunisiens, turques et italiens au détriment de la production locale. Autre cause de la flambée des prix, selon toujours Mohamed Chérif Ould El Hocine : «C’est les cultures sous serre et de plein champ qui ont subi des attaques soudaines et foudroyantes de la “mineuse” de la tomate, qui est apparue dans les villes côtières de l’ouest du pays». Abordant le volet de la tomate industrielle et du concentré de tomate, Mohamed Chérif Ould El Hocine dira que «les importations massives ces derniers temps de double et de triple concentré de tomate menacent sérieusement la filière de la tomate industrielle en Algérie», avant d’indiquer qu’“en dix ans, cette filière a perdu 25 000 hectares de surface cultivable». L’intervenant dira aussi que «la température basse ne permet pas un développement normal de la tomate, qui vit principalement en période chaude».

La production de la tomate a perdu énormément de terrain ces dernières années, et l’Etat est resté les bras croisés face à cette tendance à la baisse. A en croire Mohamed Chérif Ould El Hocine, la surface de culture de la tomate industrielle est passée de 32 000 à 7 000 hectares en dix ans, avant de connaître un bond les deux dernières années en passant à 17 000 ha. Mohamed Chérif Ould El Hocine s’explique : «Il y a un désaccord entre les producteurs et les industriels ainsi que les importations massives de triple et double concentré de tomates qui ont augmenté». Cette situation a eu des conséquences désastreuses, notamment sur la main-d’œuvre qui selon notre interlocuteur est passée à la moitié.

«Prenez l’exemple des wilayas de l’Est comme Annaba, El Tarf et Guelma qui ont connu des pertes d’emplois qui s’évaluent à plus de 80.000 postes». Seule solution pour l’instant, selon Mohamed Chérif Ould El Hocine, «une surveillance rigoureuse des tarifs appliqués par les intermédiaires et les importateurs en premier lieu, la subvention des engrais par les autorités ainsi qu’une protection tarifaire aux frontières pour permettre une relance de la filière.» Se voulant radical, Mohamed Chérif Ould El Hocine, dira : «Il est du devoir des autorités compétentes d’interdire l’importation du concentré de tomate afin de permettre aux producteurs de la tomate industrielle de retrouver un brin de sérénité et surtout de resserrer l’étau sur la mainmise et le monopole des importateurs sur la filière qui traverse une zone de turbulence à l’instar d’autres produits de première nécessité comme les lentilles et à un degré moindre la pomme de terre et l’huile de tournesol».

Hacène Merbouti

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