Entamée le 4 janvier dernier, la grève ouverte des médecins spécialistes du secteur public ne semble pas encore, du moins jusqu’à hier, voir le bout du tunnel. En effet, tout indique plutôt le pourrissement, à l’image des banderoles où l’on peut lire “SNPSSP, une grève pour un métier noble” et “SNPSSP pour un secteur public efficace”, accrochées à l’entrée de l’hôpital Khellil-Amrane de Béjaïa, qui sont en train de se délaver et de pourrir sous l’effet conjugué du soleil et de la pluie.
Bien que le mouvement entre dans sa septième semaine, les pouvoirs publics donnent l’impression, selon les protestataires, de faire la sourde oreille aux revendications qui sont pourtant bien légitimes. Elles sont l’essentiel, précise le docteur Djerradj, médecin spécialiste et responsable du SNPSSP de Béjaïa, la promulgation des statuts particuliers cosignés par le syndicat et la tutelle, la mise en application du régime indemnitaire élaboré en commun entre le syndicat et la tutelle et non celui établi de manière unilatérale par le ministère. Le Dr Derradj ajoute que les objectifs visent à ce que le secteur public travaillent dans de bonnes conditions pour que le citoyen démuni puisse recevoir des soins au moins comparables à ceux des cliniques privées.
Et pour porter haut et fort ces revendications auprès de qui de droit, les médecins spécialistes du secteur public de la wilaya de Béjaïa, à l’instar de ceux des autres wilayas, se sont rendus hier tôt le matin à Alger, au siège du ministère de la Santé, pour participer à un sit-in qui y a été organisé à cet effet.
A signaler, toutefois, qu’à l’hôpital Khellil-Amrane, hormis les banderoles suspendues à l’entrée de l’établissement, rien ne semble indiquer qu’il y a un mouvement de grève. Les entrées et sorties des malades y sont continues, le service minimum est assuré et garanti et les services fonctionnent presque normalement, nous signale un médecin spécialiste rencontré sur les lieux. “Les actions que nous faisons sont légitimes, notre conscience ne nous permet pas d’abandonner à leur sort une cinquantaine de malades de notre service.”
Ce médecin ajoute d’ailleurs aux exigences essentielles du mouvement de grève d’autres revendications secondaires, comme le désistement pour les logements de fonction et le passage aux grades supérieurs pour les médecins.
Appréciant les résultats obtenus à ce jour par la grève, le docteur Derradj, qui a précisé que le service minimum va dans les jours qui suivent être resserré au “strict minimum”, met en avant le fait que le mouvement a su résister au pourrissement visé par les pouvoirs publics, que le mouvement s’élargit puisqu’il est rejoint par le syndicat des médecins généralistes eux aussi en grève cyclique depuis le 23 novembre 2009.
B. Mouhoub
