De tous les temps, l’eau a représenté une matière vitale pour la vie : elle est sa source même, disent les scientifiques, dont les vertus sur le corps et la santé de l’homme ont résisté à toutes les innovations supplétives. Les geysers et autres bains chauds font parties intégrantes des curiosités captivantes qui occupent une place primordiale dans le quotidien du Kabyle, lequel est chichement appuyé par de nombreuses sources dont sont riches nos montagnes majestueuses.
A Hammam Sillal, comme son nom paronymique l’indique, une source d’eau chaude est présentée comme l’une des meilleures de la région, d’ailleurs mise en service depuis la nuit des temps.
Cette source qui jaillit à la jonction d’une montage et d’une rivière est actuellement fréquentée quotidiennement par des hommes et des femmes qui viennent de lointains horizons quêter le calme, le repos, l’insouciance et la félicité. Néanmoins, les lieux où étaient construits les deux bancs (pour femmes et hommes) l’exiguïté le dispute au manque d’hygiène.
Les bassins plus ou moins larges laissent peu d’espace aux visiteurs pour s’asseoir dans l’allégresse, apprivoiser la chaleur avec délicatesse et piquer une tête en toute quiétude. L’avarice de la construction harasse plus d’un. “On aurait dit que nous sommes des crapauds qui tournoient autour d’une fontaine, c’est scandaleux ! Il suffit que dix personnes fréquentent la pièce pour que ça deviennent comme une boîte de sardine. Je me demande à quoi sert l’argent qu’on donne à l’entrée”, peste un homme d’un âge avancé qui ne cache pas sa désillusion.
Prisé surtout par les malades, ce hammam présente à l’entrée une pièce d’une forme quelconque qui sert de vestiaire. Cependant, elle est très exposée au vent ce qui peut multiplier les risques de maladie. Sans oublier les gouttes globuleuses qui suintent du plafond, les murs assiégés par des couches de moisissures et les fils électriques dont la qualité d’étanchéité laisse à désirer.
Cette ambiance architecturale refroidit plus d’un. “J’ai apporté un shampoing pour me doucher, mais je ne peux guère me le permettre, regrette un jeune homme rentré de son jogging. Près du bain, c’est impossible, dans cette pièce c’est aussi impossible ; où s’asseoir, où puiser l’eau, ou se frotter ? En plus la porte s’ouvre chaque deux minutes ! Et je ne vous parle de la température de l’eau et la température ambiante que personne n’a jugé utile d’apporter à la connaissance des clients”.
A la sortie, un petit chemin conduit à l’étage où se trouve une pièce minuscule qui sert à reprendre haleine, fumer, prier ou manger. “Mais, pourquoi tant de saleté ?” s’interroge un visiteur venu pour la première fois.
Les mégots, les pelures de fruits et des sacs noirs jonchent les quatre angles de la pièce à laquelle ils donnent une laideur répugnante.
Pourtant, l’eau rime avec la santé. Et santé rime avec propreté. Cependant, à Hammam Sillal, ces trois pierres angulaires du bien être des hommes sont malheureusement bafouées.
T. D.