Arrivée précoce des cigognes

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En effet, un groupe de cinq couples de ces imposants oiseaux viennent de faire son apparition à proximité du village Ath Ivrahim. Comme pour signaler leur arrivée, elles se sont livrées à une parade plutôt spectaculaire dans le ciel en tournoyant et formant des cercles de plus en plus réduits accompagnés d’un concert de leur craquettement caractéristiques, comme pour saluer les villageois qui sont nombreux à suivre ce défilé captivant. En Kabylie, la cigogne est entourée d‘un mythe intelligent destiné à la protéger ; nos aïeux la qualifient de saint ou de marabout du temps où les croyances populaires étaient bien ancrées dans les mentalités et peuplaient énormément la culture sociale tuer la cigogne est pour eux un grand péché car qualifiée de sacrée.

A bien observer la cigogne, on donne entièrement raison à nos ancêtres qui ont inventé ce mythe pour la préserver des chasseurs passionnés et de l’envie des enfants à capturer les cigogneaux qui ne sont pas en mesure de voler vu que ces oiseaux viennent dans ces régions du Nord-africain en saison chaude pour nidifier, de plus la cigogne ne s’éloigne guère des lieux habitués pour construire son nid choisissant des positions élevées, telle que les cimes des peupliers ou les sommets des minarets des mosquées. La raison pour laquelle nos aïeux cherchent à la protéger est son importante utilité pour l’agriculture particulièrement pour les céréales. La cigogne arrive avec l’éclosion des semences et commence aussitôt son travail de nettoyage de tous les parasites nuisibles aux semences en germe tels la chenille, la sauterelle locale, le lézard et à une multitude d’autres espèces d’insectes qui se nourrissent des germes de céréale. A leur maturité les épis de blé, farine, orge, fève et avoine font les frais de prédateurs voraces que sont les rats, les mulots ; la cigogne a son tour se nourrit de ces bêtes qu’elle chasse sans répit du matin au soir non seulement elle se gave elle-même en ingurgitant plus d’un kilo par jour, mais elle nourrit aussi sa nichée de cigogneaux.

La cigogne est aussi friande des scorpions et de serpents réduisant sensiblement leur nombre et les risques de piqûres mortelles de ces deux espèces vénéneuses auxquels s’exposent nos ancêtres en s’attelant aux moissonnages à l’aide de faucilles les pieds nus d’autant plus qu’ à une certaine période il n y avait dans nos campagnes ni médecins ni vaccin anti-venin.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la cigogne pour une raison qu’on ignore ne touche jamais aux épis des céréales encore debout elle se contente de ramasser ceux tombés par terre et abandonnés par les moissonneurs. En allant se désaltérer, la cigogne ne se contente pas seulement de boire, mais elle procède aussi au nettoyage des sources et cours d’eau en les débarrassant, des asticots, des grenouilles, les limaces et toutes sortes de vers. Voilà un oiseau qui doit être protégé par des lois sévères.

Ooulaid Soualah

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