Depuis les évènements de 2001 et le retrait des brigades de gendarmerie, la recrudescence des actes de vol, de violence et de banditisme est une réalité à ne pas démontrer. La Kabylie entière est laissée aux délinquants de tous bords qui agissent de jour comme de nuit au su et au vu de tous les corps réunis. On dirait que le pourrissement arrange beaucoup de parties. Sinon comment expliquer l’absence du secteur concerné depuis au moins d’une décennie. On a assisté à plusieurs actes de vol, de kidnappings et d’agressions restés à ce jour non élucidés. A Maatkas, à Souk el Tenine et à Mechtras comme partout dans la capitale du Djurdjura que l’on qualifiait, à raison, il y a quelques années de petite Suisse, la situation a carrément changé. La quiétude de toute la région est peut-être perdue à jamais, laissant la population déçue par l’état des lieux. Dans pratiquement chaque village et chaque chef-lieu, des bandes organisées tiennent les lieux d’une main de fer. Chaque bande est spécialisée dans un domaine précis : les pickpockets, les pillards de commerces et de résidences, les faux barragistes, les kidnappings d’enfants de famille aisée et les trafiquants de différents stupéfiants et d’alcool agissent sans foi ni loi. Tout cela est bien entendu encouragé par la quasi-absence des services de sécurité. Les villages et certains chefs-lieux de la région sont occupés par toutes sortes de gangs, sauf par les unités censées protéger les hommes et leurs biens. Les citoyens se démènent comme ils peuvent pour faire face à la recrudescence des actes de vandalisme. Combien de fois avons-nous appris, par voie de presse, que les citoyens ont mis la main sur un groupe de malfaiteurs. On dirait que les rôles sont inversés. Est-ce aux citoyens de faire le travail des services de sécurité ? La question demeure posée tant que ces derniers ne se décideront pas à passer à l’action et à investir le terrain, seule mesure qui permettra de mettre un frein, sinon de réduire l’ampleur des dégâts.
Les villages livrés aux voyous
Pas une semaine ne passe sans que l’on entende que tel domicile ou telle boutique n’a été visité par les voleurs. Depuis seulement le début de l’année, au moins quatre commerces ont été cambriolés par un groupe d’escamoteurs à Souk El-Tenine. Les escamoteurs ont fini par être arrêtés par la police communale de la localité qui, faut-il le préciser, n’ont ni les moyens ni la formation requise pour ce genre d’opération. Une source locale relèvera qu’au village de Sidi Ali Moussa, plusieurs domiciles ont été la cible d’un groupe de malfaiteurs. A Agouni Bouffal, les villageois ont dû s’organiser pour mettre fin aux différents vols et autres kidnappings qui ont caractérisé leur bourgade. A Machtras, c’est le même son de cloche. Des voyous de tous bords sèment la panique et s’adonnent à la vente illégale d’alcool et de drogue. Des faux barrages continuent d’être signalés dans la région, délestant les usagers de leurs biens.
Les chefs-lieux ne sont pas épargnés
De Souk El Tenine, à Mechtras en passant par Souk El Tenine, la donne est la même. L’insécurité en est le dénominateur commun. Les trafiquants et les bandits sévissent dans la plus parfaite quiétude. N’omettons pas de relever que les services concernés sont au courant de la situation, mais ils observent une tolérance qui s’apparente, faut-il le signaler, à une complicité flagrante. Pour preuve, certaines boutiques spécialisées “illégalement” dans la vente d’alcool, de psychotropes, de jeux prohibés et dans la prostitution fonctionnent normalement au grand dam des habitants. Une petite descente des services concernés mettra un terme définitif à cette pratique étrangère à la Kabylie et aux us de la région. Les autorités locales impuissantes devant ce chaotique état des lieux ne cessent pourtant de mettre à l’index ces lieux de débauche, en vain. Dans la description de l’état de leur localité, il est mentionné avec insistance l’absence de sécurité, la multiplication des vols et la généralisation de l’anarchie et du non-respect de la législation par bon nombre d’individus
L’origine du mal
Certes le départ de la gendarmerie de toute la région est pour beaucoup dans l’apparition de ces fléaux, mais ce n’est pas tout à fait la cause principale. Car même en la présence de ce corps, l’état des lieux n’était pas mieux. Dans notre quête de découvrir les causes exactes de l’évolution de la situation sécuritaire, nous avons relevé plusieurs facteurs ayant favorisé l’apparition de la délinquance. A commencer par l’absence des services de sécurité de la scène et l’impunité dont jouissent les malfaiteurs.
Puis, il y a la déperdition scolaire qui met à la rue des centaines d’adolescents chaque année. Ces jeunes souvent sans formation et sans aucun niveau finissent par grossir les rangs de la délinquance juvénile en pratiquant des “activités” peu catholiques semant du coup des ravages dans la société. Le gain facile attire les plus vulnérables. Le chômage, autre phénomène non négligeable, pousse bon nombre de jeunes à verser dans l’irrémédiable ; le vol, le trafic et la contrefaçon deviennent alors leurs loisirs favoris. Dans certains cas, la démission des parents et de la famille pousse à la délinquance. Un adolescent qui ne rentre pas à l’heure à la maison surtout pendant la nuit devra inquiéter les parents. Les parents, doivent s’impliquer dans l’éducation de leurs progénitures. N’oublions pas aussi de signaler le manque de cadre organisé, de structures sportives et culturelles pour encadrer cette jeunesse et lui éviter l’oisiveté et la monotonie qui caractérisent nos villes et villages. Dans tous les cas, la situation actuelle ne prête guère à l’optimisme, bien au contraire elle va crescendo à la dérive. Si rien n’est fait dans l’urgence, le pire est vraiment à craindre !
A. Madjid
