Dans un contexte marqué par une récente réévaluation du SNMG, des larges pans de la société voient leur pouvoir d’achat laminé et érodé par une inflation qui se fait de plus en plus ressentir. Celle-ci qui touche aussi bien les démunis que les familles à faible revenu menace sérieusement les couches moyennes que ont tendance à se paupériser. Même si ces dernières tentent tant bien que mal de subvenir à leurs besoins, ce n’est nullement le cas de la couche des démunis et des défavorisés. Une frange de la société dont les statistiques officielles, particulièrement celles qui ont été établies l’année dernière peu de temps avant le mois sacré, révèlent l’ampleur de la paupérisation qui sévit. En effet, la dernière opération de recensement arrêtée au mois de juillet dernier a permis l’identification de près de 20 282 familles à travers la wilaya, selon les services de la DAS de Bouira. Un nombre qui, si l’on compare à celui établi par les services sociaux, l’année d’avant soit en 2008, est en nette baisse. A la lumière des chiffres dégagés, le constat peut paraître satisfaisant. Toutefois, la réalité est tout autre. D’ailleurs, une simple virée au marché couvert de la ville de Bouira nous a donné de constater un fait qui devient de plus en plus anodin. En effet, de plus en plus de personnes se bousculent devant les étals des bouchers, non pas pour s’acheter de la viande rouge ou blanche, mais juste pour s’approvisionner en carcasses de dindes. Ces dernières qui ne représentent aucune valeur alimentaire sont souvent constituées d’os, des restes qui, croit-on savoir, finissent à la poubelle. Pis encore, au même marché, nombreuses sont les familles qui, une fois que les lieux sont désertés par les commerçants, s’affairent à ramasser les légumes et les fruits pourris, laissés sur place.
Ces deux exemples témoignent de la misère sociale qui nous est donnée souvent à voir. Cela dit, des opérations de solidarité à l’endroit des démunis sont lancées durant chaque mois sacré. En 2009, la DAS de Bouira a dégagé un enveloppe de près de 50 milliards de centimes, dont 1 milliard et demi a été puisé dans le budget de wilaya et du ministère de la Solidarité. Ajouter à cela la contribution des communes qui s’est élevée pour l’année dernière à près de 3 milliards et demi de centimes. Ces sommes débloquées ont permis en fait le financement de pas moins de 3650 couffins. Il faut dire que cette opération engendre chaque année des mécontents parmi les démunis. Beaucoup parmi eux dont les noms ne figurent pas sur les listes des bénéficiaires crient à l’injustice. Il se trouve que dans cette catégorie des démunis, il existe certains qui ne sont pas systématiquement des gens sans revenus, mais des personnes à faible revenu ayant des familles nombreuses à charge. En fait, les chiffres des familles nécessiteuses avancés à chaque fois ne correspondent pas la réalité vécue par les populations. Une réalité marquée par l’érosion du pouvoir d’achat, la cherté de la vie et une montée du chômage. Pour le représentant du CRA de Bouira que nous avons eu au téléphone, l’action humanitaire et de solidarité ne doit pas être circonstancielle, mais doit se faire tout les jours. A ce propos, il préconisera une réflexion commune sur la pauvreté. Un sujet épineux que l’on refuse toujours d’évoquer.
Djamel. M
