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 »Choisir Tizi-Ouzou, c’est redynamiser le secteur du cinéma de toute une région »

La Dépêche de Kabylie : Le festival du film amazigh se tiendra à Tizi-Ouzou du 15 au 20 mars prochain, en termes d’organisation où en est-vous pour ce rendez-vous ?

Les préparatifs se déroulent dans de bonnes conditions. Cela, nous le devons à l’étroite implication du ministère de la Culture et de monsieur le wali et à la collaboration effective de la direction de la culture de Tizi-Ouzou et des institutions locales. Certes, l’infrastructure cinématographique locale pose problème. Cela ne nous a pas empêché de concocter un programme à la hauteur de notre ambition. Nous espérons vivement que les travaux de réalisation de réhabilitation des salles de ciné à Tizi-Ouzou seront menés à leur terme d’ici l’année prochaine. Cette grande métropole a besoin de salles conviviales pour réunir les jeunes et les moins jeunes autour d’activités liées au 7e art. Là est notre espoir pour une vraie relance du cinéma dans cette wilaya.

Au jour d’aujourd’hui, je peux vous affirmer que le festival est fin prêt à tenir sa 10ème édition. Le programme est finalisé. Les cinéphiles et amis du 7e art ont tous répondu favorablement à nos invitations. Je pense tout particulièrement aux membres du Jury, qui sera présidé cette année par l’écrivain franco-algérien Akli Tadjer, à l’imposante délégation de cinéastes roumains, aux encadreurs de sessions de formation en direction des jeunes, aux séminaristes qui prendront part au colloque Mouloud Feraoun et aux participants à la compétition.

Concernant toujours les préparations, pour accueillir un tel festival, quels sont les moyens mobilisés pour donner une meilleure visibilité à ce festival et au cinéma amazigh?

Dans notre pays le sponsoring culturel n’existe pas. Notre unique soutien est institutionnel. Le Ministère de la Culture nous octroie une subvention annuel et nous accorde soutien et encouragements. Cela reste insuffisant vu l’ampleur qu’a pris notre festival. Nous devons rechercher d’autres soutiens financiers et logistiques et ce justement pour faire face aux exigences d’un événement cinématographique d’envergure. Nous comptons beaucoup sur l’aide et la disponibilité des autorités locales, comme ce fut le cas lors de nos précédentes escales de notre festival à Ghardaïa, Tlemcen, Sétif, Bel Abbés…

Après avoir été organisé dans une dizaine de wilaya, le festival du film amazigh sédentarise désormais à Tizi-Ouzou. Pourquoi ce choix ?

Effectivement Tizi-Ouzou sera l’escale définitive du festival. Cette localisation du festival est une décision prise par Madame la Ministre de la Culture en concertation avec le commissaire. Mon point de vue est clair sur cette question. Après une longue itinérance à travers le pays, le moment nous semble venu de marquer une pause dans le lieu idoine à son épanouissement. Le choix de Tizi-Ouzou représente pour nous la symbolique d’une Algérie amazighe, riche et fière de sa diversité culturelle. Choisir Tizi-Ouzou, c’est redynamiser le secteur du cinéma, à travers les ciné-clubs, de toute une région. La fixation de notre festival s’avère être une exigence pour un saut qualitatif et professionnel.

Nos efforts concentrés en un lieu unique seront plus productifs. Le festival annuel cinématographique de Tizi-Ouzou, ne se limitera pas à une activité une fois l’an. Tout au long de l’année se tiendront des panoramas itinérants à travers notre pays donnant à voir à tous les Algériens des films nationaux et internationaux, des sessions de formation et des initiations pédagogiques. Quoi de mieux pour la promotion du cinéma amazigh ?

Durant les éditions précédentes, le festival a impliqué des professionnels dans le domaine du cinéma, des cinéastes… qu’ils soient algériens ou étrangers. Sera-t-il le même cas pour cette 10e édition ?

Cette 10e édition aura la même dynamique que les précédentes. Au-delà de l’aspect compétitif, le festival est aussi un espace de rencontres, d’échanges, de convivialité et d’immersion dans la culture cinématographique.

Le public de Tizi-Ouzou sera gâté cette année. En plus des films en compétition, douze réalisations de l’année 2009-2010, un vaste panorama est prévu, brassant les genres et les époques avec de nouveaux modes d’expression et de nouvelles démarches stylistiques et thématiques. Riches et passionnantes projections en perspective, allant d’un panorama de films amazigh, à une carte blanche offerte à un grand festival international « Signes de Nuit », en passant par des films inédits en provenance de Roumanie puisque cette année c’est le pays invité d’honneur… Bref, un foisonnement de films, une moisson d’idées en ce 10e anniversaire !

Autre activité prévue ?

Une caravane cinématographique sillonnera quelques villages et communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, et ce, dans le but de mettre le film amazigh à la portée de tous les publics afin de faire profiter les habitants des villages et hameaux isolés de la magie du grand écran.

Quelles sont les nouveautés qui vont marquer cette 10e édition ?

Pour chaque édition le festival implique des professionnels, des cinéastes aguerris, des noms célèbres, des signatures…et fait découvrir les jeunes talents algériens et étrangers. Cette manifestation, vous l’aurez compris, est une opportunité culturelle pour le pays et pour la wilaya de Tizi-Ouzou qui peut dans un avenir proche contribuer au développement économique, notamment celui du tourisme. Parmi nos invités, en plus des professionnels du cinéma national (cinéastes, techniciens et comédiens) nous accueillerons des professionnels étrangers donnant de l’aura à notre manifestation en la légitimant.

Il y aura certainement beaucoup de citoyens qui sont intéressés par ce festival. Comment peuvent-t- ils profiter de cette manifestation ?

Les projections cinématographiques gratuites sont destinées à tous les publics qui seront les bienvenus à la Maison de la culture et dans les quelques communes de la wilaya ciblées. Notre mobilisation est totale pour bien accueillir tous les publics, sans oublier les universitaires et les scolaires. Nous envisageons des actions de sensibilisation tout au long du festival pour réhabiliter la culture cinéphile à Tizi-Ouzou. (Utilisation de portable, fermeture de salle au lancement des projections). Nous restons optimistes et croyons au proverbe chinois : « A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes ».

Propos recueillis par : Akli Slimani

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