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Pierre bleue : exploitation anarchique

La pierre bleue d’Ath Mansour qui constitue une considérable et unique richesse de cette commune déshéritée a enregistré ces dix dernières années une exploitation fulgurante débridée et anarchique.

C’est un gisement inépuisable qui s’étend sur des milliers d’hectares qui a été exploité depuis la nuit des temps en raison de son incomparable utilité dans la construction et ses multiples qualités très prisées et recherchées.

A commencer par son esthétique à 100 % naturelle, traitée par un artisan expérimenté ; elle offre des pièces de décor qui surclasse largement les cubes de marbre importées d’Italie ou de la Turquie on la retrouve dans toutes les constructions de luxe privées ou étatiques dont des complexes touristiques haut standing et à travers tout le territoire national.

La pierre bleue offre aussi des garanties irremplaçables dans les constructions parasismiques large plate et solide avec en plus la possibilité d’obtenir toutes les dimensions en pièce unie.

Dans la région de M’chedallah on retrouve dans tous les villages, des constructions en pierre bleue dont la plupart comportent des étages plusieurs fois centenaires qui ont résisté a toutes les agressions climatiques, les mouvements telluriques malgré leur abandon et l’absence totale d’entretiens depuis plusieurs dizaines d’années.

Parmi ces habitations centenaires on constate que l’assemblage est constitué de terre battue tout court sans piliers ni ferraillage ces maisons sont toujours intactes, c’est souligner la solidité de ce matériaux exceptionnel.

Dans un autre volet, la pierre bleue est toujours utilisée dans la région en guise de dallages et de pierres tombales. L’explosion de l’exploitation de la pierre bleue et son développement vertigineux s’expliquent aussi par le fait que de futés affairistes qui ont remarqué sa forte demande par les constructeurs se sont chargés d’élargir et d’étendre sa commercialisation à l’échelle nationale en créant des aires de stockage aux quatre coins du territoire et se sont reconvertis en revendeurs tirant des bénéfices substantiels.

A l’heure actuelle et malgré une forte augmentation du nombre de tailleurs de la pierre bleu à Ath Mansour, il est quasiment impossible d’honorer toutes les commandes, la demande dépassant de très loin l’offre, cet immense gisement de la pierre bleue fait vivre a présent des centaines de familles, en plus de faire tourner à plein régime l’une des plus grandes carrières d’agrégats à l’échelle nationale qui a absorbé un important taux de chômage dans cette commune et les communes avoisinantes.

Ce gisement au lieudit Thassadarth revêt toutes les caractéristiques d’une mine d’or en matière de rendement, un état de fait qui n’a pas échappé à l’actuel wali, M. Ali Bouguerra, qui n’a raté aucune occasion pour inciter tous ceux exerçant dans le domaine du bâtiment à favoriser l’utilisation de ce matériau naturel d’Ath Mansour.

Lors de notre tournée ce jeudi passé au chef-lieu de cette commune qui est l’ancien village Thaourit, nous avions remarqué qu’en plus de la majorité des habitations construites à base de ce matériau, les innombrables murs de soutènement ainsi que les ouvrages d’arts de ce village situé sur une haute colline sont réalisés à l’aide de la pierre bleue, nous avions beau inspecter minutieusement quelques uns de ces ouvrages en choisissant les plus anciens, nous n’avions pu déceler la moindre dégradation ou traces de fissures, ces ouvrages résisteront durant des siècle à venir. C’est un gisement qui doit à notre avis faire l’objet d’une attention particulière de la part des autorités locales qui doivent faire le nécessaire pour attirer des investisseurs c’est aussi une manière de tirer cette pauvre commune de sa précarité et son sous développement endémique.

Les tailleurs de pierre actuels en plus d’être incapables malgré leur nombre à satisfaire les commandes qui fusent de partout travaillent avec des moyens rudimentaires et dans des conditions atroces et extrêmement pénibles. Aucun élu, ni autorité quelconque n’a pensé à l’éventualité de sensibiliser ces malheureux pères de familles à s’organiser pour défendre leurs droits et améliorer leur cadre de travail.

Certains titres de la presse nationale ont évoqué la silicose qui fait des ravages parmi les tailleurs de pierres à l’extrême Est du pays, quelques anciens artisans de la région d’Ath Mansour interrogés à propos de cette maladie sont catégoriques : aucun cas n’a été enregistré à parmi ceux qui ont exercé ce métier durant plus de 50 ans, toujours est-il qu’une inspection des services de la santé est souhaitable pour être définitivement fixé sur ce risque.

Oulaid Soualah

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