Faisant fi de la décision de justice ordonnant l’arrêt de la grève, les syndicats de l’éducation restent inflexibles, en maintenant leur mot d’ordre de grève d’une semaine renouvelable. « Jusqu’à l’heure actuelle nous n’avons pas reçus de notificaton de la part de la justice. Donc nous maintenons notre mouvement de grève jusqu’à satisfaction totale de nos revendications », a expliqué le président de l’Unpef, Sadek Dziri. Même son de cloche chez le président du Cnapest, M. Nouar El Arbi, qui affirme d’emblée que « nous n’avons pas été avisés de cette décision ». « Mais dès que nous aurons reçus notification, nous arrêterons notre action », a-t-il enchaîné. Selon lui, « cela n’est pas une solution puisque même si nous gelons notre mouvement, ce dernier risque d’être reconduit à tout moment ». Celui-ci a fait savoir que des ponctions sur salaires ont été appliquées au niveau de quelques wilayas du pays. Il est clair que l’ébullition qui règne dans le secteur de l’éducation fait planer le spectre d’une année blanche. Décidément, depuis la reprise des chemins des classes, en septembre dernier, les mouvements de protestation n’ont pas cessé de secouer les établissements scolaires, tout paliers confondus (primaire, moyen et secondaire). Il faut dire que ces différentes grèves qui ne cessent de se succéder ont troublé la quiétude de plus d’un en Algérie. A quelques mois seulement des examens de fin d’année, notamment le bac, le BEM et l’examen de la 5e année, les syndicats activant dans ce secteur réinvestissent à nouveau le terrain de la protesta. Un mouvement de protestation qui risque réellement de compromettre l’année scolaire de près de huit millions élèves. Pis encore, le retard causé par ces mouvements de grève ne peut être rattrapé, étant donné que les enseignants sont plus que jamais résolus à faire pression jusqu’à satisfaction de leur plateforme de doléances.
Les enseignants et la tutelle se rejettent la balle
Conscient des conséquences funestes que peut induire cette action, les syndicalistes affirment que la responsabilité d’une année blanche incombe au ministère de l’Education nationale. Pour le ministère de l’Education rien ne justifie la poursuite du débrayage puisque « les augmentations annoncées sont bien réelles. Et le dossier du régime indemnitaire est définitivement clos avec la signature du décret par le Premier ministre ». Rappelons toutefois, que les enseignants recevront, selon le plan de subvention établi par le premier responsable de l’éducation nationale, une augmentation des salaires de l’ordre de 29, voire 32%. Cependant, pour les syndicats, le mot d’ordre de la grève est maintenu si les revendications liées au dossier de la médecine du travail et celui des œuvres sociales ne sont pas satisfaites par la tutelle. Les meneurs de ce mouvement de grève n’ont pas omis d’évoquer le spectre d’une année blanche. « Nous ne pouvons plus reculer, donc nous n’allons pas geler notre action. Certes, nous sommes conscients que cela va perturber sérieusement la scolarité des élèves, mais cette fois-ci, la balle est dans le camp du pouvoir », s’insurgent les syndicalistes. Les élèves sont entre le marteau et l’enclume. L’école algérienne vit un malaise. Du fait des grèves à répétions au niveau du secteur de l’éducation, les élèves se retrouvent une fois de plus entre le marteau et l’enclume. Pendant ce temps, les pouvoirs publics et les enseignants se renvoient mutuellement la balle. Hier encore, une grande partie des établissements scolaires à Alger a respecté le mot d’ordre de grève. Au lycée El-Idrissi, sis au 1er-Mai, les salles de classe sont vides. Seules quelques élèves se tenaient encore devant le portail de cette grande bâtisse. L’inquiétude se lisait sur les visages de ces derniers qui craignent une année blanche devant le silence de la tutelle et face à la détermination des syndicats de ce secteur d’aller jusqu’au bout de leur lutte syndicale. Même constat au lycée Mira à Bab El-Oued, et à l’école primaire Aïssat Idir du 1er-Mai, où les élèves ont été contraints de rebrousser le chemin dès les premières heures de la matinée. Les parents d’élèves ne sont pas en reste. Ces derniers appréhendent que leurs progénitures payent les frais de ce bras de fer opposant les syndicats du secteur et la tutelle. Autrement dit, ils craignent le spectre d’une année blanche qui se précise, de jour en jour, et demandent aux pouvoirs publics de sortir de leur mutisme pour trouver une issue à cet imbroglio. « Où veulent en arriver les enseignants avec cette grève ? » s’interroge une mère de famille. « Le gouvernement leur a octroyé des augmentations, que veulent-t-ils de plus », a tonné notre interlocutrice. Tout en révélant que les enseignants ont raison de revendiquer leurs droits, un autre père de famille rétorque : « Nos enfants sont en train de subir une grave perturbation de leur scolarité ». Selon des enseignants approchés hier, il serait pratiquement impossible de rattraper les cours en cette période de l’année, particulièrement pour les classes d’examen. « Le retard à rattraper est considérable, vu la surcharge des cours », ont-ils soutenu. « Le deuxième trimestre tire déjà à sa fin tandis que le programme pédagogique n’est pas suivi à la lettre », ont-ils ajouté.
Lemya Ouchenir
