Etude de Larbi Oudjedi : «Rupture et changement dans La colline oubliée»

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ou les sept portes de Tasga A bientôt soixante ans depuis sa première parution chez Gallimard, La colline oubliée de Mouloud Mammeri fascine toujours autant et l’univers rocambolesque de Tasga continue à donner du grain à moudre à de nombreux esprits, jusqu’à être porté au cinéma par la manivelle de Abderrahmane Bouguermouh, ami de longue date de l’auteur, film sorti en 1997. Récemment, un autre regard vient d’être jeté par Larbi Oudjedi, natif d’Akfadou en 1982, diplômé de littérature française à l’université de Bgayet et actuellement étudiant en master professionnel de réalisation en cinéma à l’université Paris VIII, par un savant mélange de ses connaissances littéraires et cinématographiques. Dans «Rupture et changement dans La colline oubliée», l’auteur a partagé le roman de Dda Lmulud en sept parties toutes liées les unes aux autres par le truchement d’une misère à visages multiples, frappant indifféremment à toutes les portes. Ainsi, chaque porte s’entiche à répondre à une question : «Pourquoi accepter un ordre qui soumet les gens ?» comme se demande l’auteur en préambule. Refusant les plus lourdes fatalités, les habitants de Tasga, les plus chanceux en tous cas, tournent les regards vers d’autres horizons, qu’ils espèrent cléments, non dans le but de partir définitivement, mais partir juste le temps de s’aguerrir et apporter le changement utile à leurs concitoyens qui n’attendaient d’ailleurs que des esprits en mesure de les délester des pesanteurs de l’époque : colonialisme, tradition, superstition, famine, maladie, guerre, guéguerre etc. La singularité du regard de Larbi Oudjedi se manifeste par cette mise en évidence du rôle du 7ème Art dans l’enrichissement du roman. La fidélité des images de Bouguermouh scelle un lien solide avec l’illustre œuvre romanesque de moins en moins accessible (Il y a trop peu de lecteurs en Algérie). Et «La réalisation du film La colline oubliée est d’abord un camouflet pour tous les ennemis de la culture amazighe», note l’auteur avec une lucidité qui résonne comme une pique de rappel et traduit instantanément combien la réhabilitation de l’Histoire authentique de notre pays est un parcours long et semé de mille embûches. «A son tour, Larbi Oudjedi prend le flambeau et continue cette extraordinaire volonté d’être toujours là malgré les handicaps et l’avancée inexorable du temps. L’enfant des hauteurs majestueuses de l’Akfadou nous parle ici avec un regard neuf, vivant et clairvoyant : celui d’une génération qui s’apprête à nous offrir des créations qui continueront le combat des anciens», écrit Youcef Zirem dans une belle préface. Tasga ; une colline, une chambre haute, une vision, une lumière. Bref, Tasga est un concentré des rêves de toute l’humanité.

Tarik Djerroud

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