Evocation : Hnifa, pionnière de la chanson kabyle

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Hnifa, de son vrai nom Ighil Larbaâ Zoubida est née le 4 avril 1924 à Ighil M’henni en Kabylie. Elle a une enfance traditionnelle dans son village berbère jusqu’à son premier mariage en 1939. Ce mariage est un échec : elle fuit le domicile conjugal une première fois et après son second mariage, elle décide de fuguer en compagnie de sa fille pour Alger. Chérifa, autre grande chanteuse de l’immigration kabyle, l’encourage alors à intégrer la radio d’Alger. C’est chose faite lorsqu’elle est recrutée par une autre grande figure de l’immigration, Cheikh Nordine en 1952. Elle intègre la chorale de la RTF et participe aux ELAK (Emission de langue arabe et kabyle de la radio d’Alger), destinées aux indigènes de l’Algérie coloniale. Elle commence à enregistrer ses premiers 45 tours chez Pathé Marconi en 1953 avec notamment Allah Yarabi Faradj. Après plusieurs années, à la radio et un troisième mariage infructueux, elle émigre en pleine guerre d’Algérie pour Paris, où elle rencontre le grand compositeur, Kamel Hamadi. Leur duo, Yidem Yidem (1959) (avec toi, avec toi) chez Teppaz, rencontre alors un grand succès tant auprès de l’immigration en France qu’en Algérie. Kamel Hamadi participera par la suite à une grande partie de ses succès. Comme beaucoup d’artistes de l’immigration, elle animera les soirées communautaires des cafés et des galas, en compagnie notamment de Cheikh Nordine, Noura, Taleb Rabah et une autre grande dame de la chanson Kabyle, Bahia Farah. En 1962, elle suivra l’exemple d’autres artistes et choisira de rentrer en Algérie, pour participer à la reconstruction de l’identité nationale. Les thèmes de prédilection de son répertoire sont l’amour, l’exil et la douleur, la nostalgie du pays. Son histoire n’est néanmoins pas finie avec l’immigration : elle rentrera en France en 1975 et poursuit ses tours de chants. Elle donnera son dernier concert en novembre 1978 à la mutualité de Paris. Celle qui a côtoyé les plus grands chefs d’orchestre algériens que sont Missoum ou Iguerbouchène, s’éteint à Paris, le 23 décembre 1981.

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