Il nécessite une augmentation de quelque 7% de la production avicole nationale, pour parvenir à un équilibre entre l’offre et la demande en matière des besoins en protéine animale. C’est ce qui ressort de la communication présentée par M. Laïb Makhlouf, ingénieur agronome, lors des 2es journées techniques sur l’aviculture tenues les 16 et 17 du mois en cours à la maison de la culture de Bejaïa. Des mesures d’incitation, à travers l’octroi de crédits bancaires, ont été mises en place par l’Etat, pour permettre une meilleure production avicole, mais ces aides seraient conditionnées, toujours selon l’orateur, par une obligation déclinée sous la formule de contrat de performance.
Le docteur vétérinaire, Mme Zareb, a mis l’accent sur le nombre de bâtiments d’élevage non agréés dans la wilaya de Béjaïa. Sur 1 537 bâtiments, seuls 745 sont agréés par les services vétérinaires, les 782 autres ne le sont pas malheureusement, déplore l’intervenante. Seulement, elle mentionne que les bâtiments non agréés ne sont pas forcément non conformes aux normes d’hygiène. Toutefois, les risques de propagation de maladies restent une menace réelle sur la santé publique du fait de l’absence de contrôle de ces bâtiments par les services vétérinaires. Pour elle, l’une des raisons incitant les éleveurs à ne pas solliciter d’agrément est directement liée à la crainte de devoir payer des impôts élevés.
Mais, la situation n’est pas aussi simple telle qu’elle se présente à première vue. Car, le monde de l’aviculture est au fond assez complexe comme en témoigne un membre de l’association des aviculteurs de la wilaya de Béjaïa, M. Farid Harani. D’abord, notre interlocuteur a voulu lever l’équivoque concernant la situation des éleveurs non agréés. “Les éleveurs non agréés sont souvent conformes à la réglementation et aux normes hygiéniques. Plus de 90% de la production avicole dans la wilaya de Béjaïa provient des éleveurs non agréés. Ce sont eux qu’on appelle les petits éleveurs. Ils sont les pionniers de l’aviculture dans la wilaya», a-t-il tenu à rectifier.
Il nous apprendra qu’en raison d’une nouvelle réglementation malvenue, intervenue au tout début de la décennie 1990, enjoignant aux éleveurs d’observer une distance de cent mètres entre leurs bâtiments et l’habitation la plus proche, il y a eu développement d’une situation inextricable. Pour lui, beaucoup d’habitations, surtout en milieu rural, sont construites à moins de cent mètres des bâtiments d’élevage avicole bien après que ces derniers aient été construits. Pour des cas pareils, et ils seraient nombreux selon notre interlocuteur, comme serait-il possible d’aller aux services vétérinaires demander le renouvellement de leur agrément. Il ne s’agit donc pas d’une volonté délibérée de ne pas se conformer à la réglementation, puisque cette situation les pénalise plus qu’elle ne les avantage. A titre d’exemple, les petits éleveurs non agréés ne peuvent prétendre à des prêts bancaires pouvant permettre le développement de leur entreprise. Ces crédits seraient plutôt partis, durant la période allant de 1995 et 2000, vers les “gros éleveurs», ceux qui auraient bénéficié de cette nouvelle réglementation. Celle-ci ne serait-elle pas créée justement pour eux afin de leur permettre de bénéficier de l’essor de l’élevage avicole dans la wilaya de Béjaïa ?
Autre chose entravant ces petits éleveurs réside dans la non-application de la circulaire interministérielle d’avril 1992, les exonérant d’impôt (excepté l’IRG) à la seule condition qu’ils érigent leurs bâtiments d’élevage sur leurs propres terres. Le nombre de sujets à élever est également fixé par la même circulaire. Exemple : moins de 10 000 poulettes, mois de 12 000 dindes à élever annuellement, sont des quantités requises pour être exonérés d’impôts, car ces chiffres sont loin d’être considérés sur une échelle industrielle. “Seulement, il y a des inspecteurs qui ne suivent pas à la lettre cette circulaire en se mettant souvent à taxer les petits éleveurs. Parmi ces derniers, élevant tout juste 2 400 poulettes, a été taxé à plus d’un million de dinars», s’indigne encore notre interlocuteur.
Quoi qu’il en soit, cette situation témoigne que les pouvoirs publics ont encore beaucoup d’efforts à fournir pour solutionner des problèmes entravant le développement de l’aviculture dans la wilaya de Béjaïa.
K. D.