«La JSK a changé depuis 1991»

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Né le 28-11-1969 à Alger, l’enfant d’Aït Daoud fait partie de ceux qui ont écrit, en lettres d’or, l’Histoire de la JSK.Il a pu jumeler le football et les études. Mourad est actuellement médecin au centre médicosportif de Draria et à la Fédération algérienne de football. Dans cet entretien, il revient sur les moments forts de sa carrière.

Rubrique animée par Hamid Oukaci

La Dépêche de Kabylie : Vous avez intégré la JSK très jeune n’est-ce pas ?

Mourad Aït Tahar : Effectivement, j’ai fait l’école de la JSK et j’ai intégré le club à l’âge de 11 ans, bien que c’était un pur hasard, je me souviens qu’à l’époque, on venait de déménager d’Alger et ma famille s’était installée à Tizi-Ouzou en 1979. Comme j’avais ce grand amour pour le football, on jouait des matchs entre copains et surtout des inter-bâtiments. Au début je n’ai jamais imaginé que j’allais faire une carrière de footballeur car je tenais vraiment à mes études et mon père ne voulait surtout pas que je les rate, mais avec l’insistance de mon ami d’enfance Karim Azouaou qui a rejoint la JSK une année auparavant, j’ai fini par convaincre mon père de jouer. Bien sûr, ce n’était pas évident, mais il a accepté finalement, à la condition que je continue mes études, si j’échouais j’arrêterais le football, Dieu merci, j’ai réussi à jumeler les deux.

Racontez-nous vos débuts avec la JSK ?

Je me souviens du premier jour où j’ai mis les pieds dans le club, c’était en 1980 en compagnie du père de mon ami Karim Azouaou, j’étais très heureux et surtout déterminé à faire une bonne carrière, car je me suis donné à fond dans la formation. Au début, j’étais pris par Mouh Younsi et Hamid Smaïl en minime, par la suite, j’ai eu le même entraineur en cadet avant d’être sous la houlette de Salah Yousfi en junior, à l’époque, la JSK était une vraie école de formation, et tout ce que j’avais appris en ce temps-ci, m’a servi par la suite, et dès l’âge de 17 ans, je commençais à m’entraîner avec les seniors.

Vous souvenez-vous de votre premier match en senior ?

Comment ne pas s’en souvenir, tout d’abord c’était un grand honneur pour moi de côtoyer des joueurs de la trempe de Tchipalo, Adgigh, Sadmi, qui étaient mes idoles avant, alors se retrouver parmi eux, c’était une fierté pour moi. Le premier match, je l’ai disputé alors que j’avais à peine 18 ans, c’était plus exactement en 1987, contre l’USMA au stade du 5 Juillet. Comme je vous disais tout à l’heure, je m’entraînais en senior, mais je n’avais jamais reçu de convocation, et pour ce match, bien que j’aie été convoqué je n’avais pas pensé que je jouerais d’entrée, mais après la blessure de Bahbouh, l’entraîneur a pris la décision de m’enrôler à sa place. Je ne vous cache pas que j’étais très surpris en entendant mon nom. J’avais le trac, mais jouer avec de grands joueurs que possédait la JSK à l’époque m’a rendu la tâche aisée, que ce soit avec leurs conseils avant le match ou encore leurs comportements sur le terrain, sincèrement j’étais très à l’aise, et depuis, je jouais régulièrement dans l’équipe.

Jouer à la JSK, c’est évoluer sous une terrible pression, comment aviez-vous vécu ces moments surtout à vos débuts ?

Vous savez, la JSK est un club particulier qui a son Histoire et sa spécificité. Notre public était très exigeant en ne réclamant que les victoires. Certes, on vivait sous pression, mais le climat qui régnait à l’époque encourageait chaque joueur à donner le meilleur de lui-même, je parle surtout de la période qui s’étale de 1987, ma première année en senior à 1991 l’année du départ du défunt président Ben Kaci, on vivait comme une vraie famille, on était très solidaires, il y avait surtout la discipline et la stabilité donc malgré mon jeune âge, toutes les conditions étaient favorables pour que je réussisse, surtout l’apport des anciens joueurs que je considérais comme mes propres frères.

Vous avez gagné beaucoup de titres avec la JSK, quels sont ceux qui vous ont marqué le plus ?

Je crois que chaque titre à sa saveur particulière, en commençant par le premier Championnat que j’ai gagné à l’âge de 20 ans. Une année après, j’ai remporté un autre Championnat, il y avait aussi la Coupe d’Algérie qu’on a gagnée à Oran face à Chlef. Mais la Coupe d’Afrique des clubs champions, qu’on a ramenée de Lusaka restera incontestablement l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière. On a vraiment vécu des moments historiques, dans l’avion, avec les supporters ou encore l’accueil que nous a réservé le peuple, à l’aéroport et à Tizi-Ouzou.

Vous dites que vous étiez à l’aise dans le club, mais vous avez fini par le quitter, quelles en sont les raisons ?

Quitter le club de son enfance n’était pas chose facile pour moi, mais je dirai que j’ai changé d’air en 1994, car durant la saison 1993-1994 j’ai contracté une méchante blessure qui m’a éloigné des terrains durant six mois, après mon retour j’ai remarqué que l’entraineur ne comptait plus sur moi, alors j’ai pris la décision de plier bagage et j’ai rejoint le Mouloudia d’Alger qui m’a ouvert ses portes en cette période difficile, j’ai joué avec le MCA trois grandes saisons avant de revenir à la JSK.

C’était l’appel du cœur ?

Je dirai tout simplement que les dirigeants de l’époque ont constaté que je n’étais pas encore fini. Surtout après les trois belles saisons que j’ai passées au Mouloudia, ils m’ont appelé et j’ai accepté de revenir puisque je connaissais très bien la maison.

En quelle année aviez-vous arrêté de jouer ?

J’ai mis fin à ma carrière en 2000, je n’avais que 31 ans et j’aurais pu encore évoluer dans le haut niveau, mais j’ai préféré me retirer et me consacrer à ma vie professionnelle, j’avoue tout de même que la saison 1998-1999 m’a vraiment marqué surtout après nos deux défaites face au Mouloudia au Championnat et face à l’USMA en finale de la coupe d’Algérie, je ne pouvais plus supporter la pression, j’ai quitté la JSK pour rejoindre la JSM Blida où j’ai fait seulement une seule saison avant de mettre définitivement fin à ma carrière de footballeur.

Vous avez marqué beaucoup de buts, quelles sont les réalisations qui vous sont restées en mémoire ?

Vous savez dans sa carrière, il se pourrait qu’un joueur marque des buts spectaculaires dans un match qui n’a pas d’enjeu, et parfois, des buts décisifs. Mais je dirai qu’il y a trois buts qui m’ont vraiment marqué tout d’abord celui que j’ai inscrit face à l’Ashanti Cotoco en demi-finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions, et puis les deux buts que j’ai marqués en Coupe d’Algérie en 1991 face au MCO en quart de finale et ES Sétif en demi-finale, c’était des buts décisifs qui nous ont permis de nous qualifier.

Vous avez non seulement fait une grande carrière de footballeur, vous avez aussi réussi de brillantes études en médecine, comment aviez-vous pu concilier les deux?

Comme je vous disais tout à l’heure, continuer mes études était la seule condition de mes parents pour que je fasse une carrière de footballeur, après l’obtention de mon bac j’ai fait la faculté de médecine, sincèrement, j’ai souffert durant tout mon cursus, mais Dieu merci, grâce à l’aide des dirigeants de l’époque, surtout la compréhension des entraineurs j’ai pu aller jusqu’au bout dans mes études. Je dirai que si c’était à refaire, je ne réussirais jamais les deux à la fois. Je n’avais pas de retard même si je jouais dans le haut niveau et j’ai terminé mon doctorat à l’âge de 25 ans.

Durant votre carrière vous avez eu beaucoup d’entraîneurs, lesquels vous ont marqué le plus ?

Je crois que chaque entraineur a eu sa touche particulière. En commençant par ceux qui m’ont pris en formation, à l’image de Mouh Younsi, Salah Yousfi, Hamid Smaïl avec qui j’ai appris beaucoup de choses, mais je dirai que le duo Khalef et Zyvotco étaient pour beaucoup dans ma réussite. Parce qu’ils m’ont donné confiance malgré mon très jeune age, sans oublier bien sûr tous les entraîneurs avec qui j’ai travaillé que ce soit à la JSK, au Mouloudia ou à Blida.

Vous avez joué trois saisons avec le Mouloudia d’Alger, quelle est la différence entre ce dernier et la JSK à votre avis ?

Sincèrement j’étais très étonné quand j’ai intégré le Mouloudia d’Alger, car j’ai trouvé un vrai club professionnel, il m’a surtout permis de relancer ma carrière. La différence, c’est qu’au Mouloudia on jouait pour le maintien et le stade était plein, tandis qu’à la JSK, si on perdait un match les tribunes se vident.

Avec le recul, est-ce que vous êtes satisfait de votre carrière ?

J’en suis très satisfait, surtout que j’ai joué durant 13 ans dans le haut niveau, ce qui m’a permis de gagner plusieurs titres nationaux et continentaux, j’ai évolué aussi avec de grands clubs algériens, en plus, le football m’a offert l’opportunité de connaitre des gens et aussi de me faire un nom tout en continuant mes études.

Un dernier mot pour conclure.

Je remercie tous les gens qui m’ont soutenu pour réussir ma carrière de footballeur et terminer mes études, surtout ma famille et les dirigeants de la JSK de l’époque.

H. O.

Pour vos contacts itranddk@yahoo.fr

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